Une superbactérie mortelle déjà repérée au Canada a été retrouvée dans le quart des échantillons d'eau analysés en Inde, y compris des échantillons d'eau potable.

Les experts affirment qu'il s'agit de la plus récente démonstration que la bactérie NDM-1 -les lettres «ND» représentant la capitale indienne, New Delhi- circule librement dans l'environnement et qu'elle pourrait potentiellement se propager à toute la planète.

La superbactérie ne peut être combattue qu'avec une poignée d'antibiotiques très dispendieux et fortement toxiques. En plus du Canada, la NDM-1 a déjà été vue aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et en Suède, essentiellement chez des voyageurs arrivant de l'Inde, du Bangladesh ou du Pakistan.

«Ce n'est pas un problème pour l'avenir, a dit David Heyman, le président de l'agence britannique de santé publique. Il y a des gens qui meurent aujourd'hui d'infections que nous ne pouvons pas traiter.»

L'automne dernier, des chercheurs britanniques ont analysé plus de 200 échantillons d'eau provenant du centre de New Delhi, dont des échantillons d'eau potable ou d'eau qui s'était accumulée dans les rues. Le gène de la superbactérie a été retrouvé dans deux échantillons d'eau potable et dans 51 des échantillons d'eau stagnante. Le gène a été détecté dans onze types de bactéries différentes, dont celles qui causent le choléra et la dysenterie.

En comparaison, la bactérie n'a été retrouvée dans aucun des 70 échantillons prélevés à Cardiff, au Royaume-Uni. L'étude financée par l'Union européenne (UE) a été publiée jeudi en ligne par le journal Lancet Infectious Diseases.

Les autorités indiennes ont contesté les conclusions de cette étude, niant que la superbactérie puisse représenter une menace pour la santé publique.

D'autres experts ont indiqué qu'il est impossible de quantifier la menace représentée par la NDM-1, rappelant que des souches de bactéries résistantes aux antibiotiques disparaissent parfois par elles-mêmes, mystérieusement.

«C'est comme demander, dans les années 1980, si on devrait s'inquiéter de quelques cas de VIH», a dit Guenael Rodier, de l'Organisation mondiale de la santé.