Les appareils d'imagerie médicale utilisés en cardiologie augmentent légèrement le risque de cancer, selon une étude montréalaise. Ces résultats renforcent le débat sur l'impact de l'utilisation croissante de l'imagerie médicale.

Un ou deux examens comme une angiographie ou une tomodensitométrie, entre autres, augmentent le risque de 3%, selon les chercheurs de l'Université McGill, qui ont étudié les dossiers de 83 000 patients québécois suivis pendant 5 ans.

«Depuis les 10 dernières années, il y a une explosion de l'utilisation de l'imagerie médicale», explique Louise Pilote, l'auteure principale de l'étude, publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne. «C'est souvent fait pour des raisons de dépistage plutôt que de traitement. C'est particulièrement évident aux États-Unis, où on peut faire des tests dans les centres commerciaux, mais on le voit ici aussi. On fait des tests de routine après une admission pour une pneumonie ou un infarctus. Les techniciens en radiologie portent tous un capteur de radiations, mais il n'y a pas de monitorage des patients. Notre étude est l'une des premières à démontrer ce lien. Nous ne voulons pas faire peur, simplement rappeler qu'il faut toujours voir quels sont les bénéfices de ce genre de tests. Il faut faire très attention, surtout en dépistage.»

Matthew Mercuri, chercheur de l'Université McMaster à qui le JAMC a demandé d'écrire un commentaire sur l'étude de la Dre Pilote, indique justement que les risques accrus seront observables à l'échelle de la population plutôt que des individus, puisqu'ils sont faibles. La Dre Pilote réplique que son étude sous-estime peut-être ces risques.

Moins d'expositions

Pour calculer la dose de radiations des différents examens cardiologiques subis par les patients, l'épidémiologiste montréalaise a utilisé des données recueillies en 2005-2007 aux fins d'une étude publiée en 2009. Or, M. Mercuri souligne justement que les radiations émises par les examens cardiologiques ont été divisées par 10, dans les dernières années.

«Je ne pense pas que ces nouveaux appareils soient très répandus pour le moment mais, au fur et à mesure que les hôpitaux remplaceront leur équipement, on verra des expositions moins élevées, a expliqué M. Mercuri à La Presse. D'ici là, on constate que plusieurs hôpitaux appliquent de nouveaux protocoles pour limiter l'exposition aux radiations.»

Les appareils étudiés par la Dre Pilote émettaient des radiations de 7 à 15,6 millisieverts (mSv, l'unité de mesure des radiations), alors que celles des nouveaux appareils vont de 1 à 3 mSv, selon M. Mercuri. Les tests comme la mammographie ou la radiographie émettent moins de 1 mSv. Chez le dentiste, les rayons X sont encore moins forts, environ 0,038 mSv, selon l'Ordre des hygiénistes dentaires du Québec. Santé Canada recommande de limiter à 1 mSv par année l'exposition des patients et à 20 mSv par année celle des travailleurs.

Selon une étude publiée en 2009, le nombre de tests par imagerie médicale est passé de 42 à 163 par 1000 bénéficiaires par année aux États-Unis.