L'irradiation artificielle causée par le tabac, un fait établi depuis plusieurs dizaines d'années par plusieurs études, serait finalement de faible ampleur, selon une analyse rendue publique mardi devant l'Académie de médecine à Paris.

La radioactivité du tabac trouve son origine «au niveau des sols», ont rappelé dans cette analyse des chercheurs du service central de médecine nucléaire du CHU de Toulouse-Purpan, dont les travaux ont été conduits sous la houlette de Jacques Simon et Anne Julian.

Elle provient de la radioactivité naturelle tellurique, à l'état gazeux et passant facilement sur les feuilles de tabac, mais surtout de celle liée à l'épandage d'engrais phosphatés. Au total, «le tabac renferme des radioéléments réputés parmi les plus dangereux», tels le radium 226 et le polonium 210, notent les chercheurs.

Des études ont essayé de quantifier les doses, avec de très fortes discordances.

Les plus récentes sont celle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en 2006 et celle publiée en 2007 par la revue spécialisée «Radiation, protection, dosimetry».

L'AIEA estime l'irradiation à 53 mSv/an pour un fumeur quotidien de 20 cigarettes, soit «environ 20 fois l'exposition naturelle moyenne annuelle en France» ou «2,5 fois la limite individuelle annuelle de dose efficace règlementairement admissible pour les travailleurs du nucléaire», selon les chercheurs.

Ces chiffres ont été repris dans plusieurs revues spécialisées.

L'étude publiée dans Radiation, Protection Dosimetry estimait en revanche l'irradiation à 0,17 mSv/an, soit l'équivalent de «l'irradiation occasionnée par un vol long courrier d'environ 16 heures, ou délivrée par deux radiographies thoraciques». Des valeurs «que l'on peut qualifier d'anodines», selon les chercheurs. Remarquant cependant que l'estimation oublie le polonium 210, ils la corrigent à près de 0,4 mSv/an.

Nombre d'études plus anciennes donnaient des chiffres comparables.

Les chercheurs expliquent ces divergences par des calculs en unités différentes et récusent le calcul de l'exposition de l'homme aux rayonnements utilisé par l'AIEA, «inhabituel et non conforme aux usages (...) scientifiques en vigueur» et qui pourrait vouloir «sensibiliser à la dangerosité du tabagisme».