Les ours noirs ont besoin de se nourrir de différentes espèces de saumon plutôt que d'un très grand nombre d'une seule et même variété, selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs canadiens.

L'auteure principale de l'étude, Christina Service, soutient que si ces ours avaient accès à une plus grande variété d'espèces de saumon, ils pourraient compter sur davantage d'aliments pendant une plus grande partie de l'année.

«C'est comme si les humains se rendaient à un buffet à volonté pour seulement quelques jours, au lieu d'avoir un bon repas par jour pendant plusieurs mois», explique cette candidate au doctorat à l'Université de Victoria, en Colombie-Britannique.

Lorsqu'ils ont accès au poisson pendant une plus grande partie de l'année, les ours finissent par manger plus de saumons et sont en meilleure santé, ajoute-t-elle.

L'équipe de chercheurs a utilisé des techniques chimiques sur des échantillons de poils de 379 ours noirs et de 122 grizzlis entre 2009 et 2014 pour estimer leur consommation de saumon. Ils ont étudié des animaux sur une étendue de 22 000 kilomètres le long de la «forêt pluviale de Great Bear», sur la côte, en Colombie-Britannique, en collaboration avec les Premières nations Wuikinuxv, Nuxalk, Heiltsuk et Kitasoo/Xai'xais.

Parce que ces ours hibernent en hiver, ils ne peuvent manger qu'à certaines périodes, dit Mme Service. Ainsi, s'ils ont accès au saumon plus tôt dans l'année, ils pourront commencer à engraisser plus rapidement.

Le conseiller en chef de la Première nation Kitasoo/Xai'xais, Douglas Neasloss, se dit préoccupé par le fait que la gestion actuelle du gouvernement fédéral pour le saumon se concentre sur les grandes montaisons de saumons et ignore souvent les plus petites migrations qui contribuent à la diversité.

Le co-auteur de l'étude, Chris Darimont, signale que des chercheurs se sont inquiétés de la santé de toutes les populations de saumon.

«C'est un moment difficile pour être un saumon de nos jours à cause des changements climatiques, la productivité réduite des océans, la surexploitation, les maladies provenant des fermes salmonicoles et la gestion négligente», soutient-il.

Selon Mme Service le gouvernement fédéral devrait réfléchir à la gestion des pêches dans un sens holistique.

Cela implique de penser que la pêche profite non seulement aux intérêts commerciaux et récréatifs, mais également à la faune et aux écosystèmes, a-t-elle fait valoir. «Nous devons prendre en compte la diversité des espèces et pas seulement l'abondance».

Les ours jouent un rôle très important dans le transport des éléments nutritifs, mentionne la chercheuse, expliquant que les ours jouent un rôle de jardiniers en fertilisant le sol avec des carcasses de poisson.

Les éléments nutritifs provenant des carcasses de saumon aident non seulement les arbres, mais également les autres espèces.

«Il est important de se préoccuper des ours en eux-mêmes, mais la relation ours-saumon est également très importante pour l'écosystème», plaide Mme Service.