Le kiwi, oiseau emblématique de la Nouvelle-Zélande de la taille d'une poule incapable de voler, ne descend pas de l'émeu australien, contrairement à la théorie jusqu'alors avancée, mais de l'oiseau-éléphant de Madagascar, un géant aujourd'hui éteint, révèle jeudi une recherche.

Cette étude, fondée sur des analyses d'ADN menées par des chercheurs de l'université Adélaïde en Australie, montre également que ces oiseaux étaient capables de voler dans un lointain passé.

Ils ont ainsi résolu le mystère de l'évolution de ces gros oiseaux coureurs, appelés ratites comme l'émeu, l'autruche et le casoar, et présents sur tous les continents de l'hémisphère sud.

L'oiseau-éléphant de Madagascar, qui mesurait deux à trois mètres de haut et pesait 275 kilos, et le moa géant, aussi éteint et qui vivait en Nouvelle-Zélande, appartenaient également à ce groupe et ne pouvaient pas voler.

Les scientifiques ont longtemps pensé que ces différentes espèces de ratites avaient toujours été incapables de voler et qu'ils s'étaient retrouvés isolés par la séparation des continents il y a plus de 130 millions d'années.

L'analyse d'ADN ancien extrait des os de deux oiseaux-éléphants se trouvant au musée de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa, a permis de montrer la relation génétique avec le kiwi, malgré des différences frappantes en termes d'environnement géographique et de morphologie, précisent ces travaux publiés dans la revue américaine Science.

«Ce résultat ne pouvait pas être plus inattendu», relève Kieren Mitchell, chercheur au centre d'étude de l'ADN ancien de l'université Adélaïde (ACAD), auteur de cette découverte.

«La Nouvelle-Zélande et Madagascar ont été reliés physiquement il y a seulement très longtemps par l'Antarctique et l'Australie, ce qui fait que les ratites se sont dispersés dans le monde en volant», explique-t-il.

Ces résultats corrigent les conclusions faites dans les années 90 par le directeur de l'ACAD Alan Cooper, qui montraient que les cousins vivants les plus proches des kiwis étaient les émeus et les casoars australiens.

«C'est bien de rétablir la vérité scientifique alors que les Néo-Zélandais avaient été consternés d'apprendre que l'oiseau national paraissait être un immigrant australien», a lancé le professeur Cooper.

Les chercheurs ont aussi déterminé quand les différentes espèces de ratite se sont séparées.

«Les ancêtres des ratites capables de voler se sont dispersés juste après l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années, avant que les mammifères accroissent fortement leur taille et deviennent le groupe dominant sur la planète», explique le professeur Cooper.

«Les ratites ont apparemment profité de cette étroite fenêtre pour devenir de grands herbivores mais une fois que les mammifères sont eux aussi devenus très grands, il y a environ 50 millions d'années, aucun autre oiseau n'a pu voir sa taille grandir, sauf sur des îles sans mammifère comme le Dodo, aujourd'hui éteint à l'Ile Maurice et dans l'est de Madagascar», poursuit-il.

Ces chercheurs précisent avoir récemment découvert des fossiles d'ancêtres de kiwis montrant que ces derniers volaient quand ils sont arrivés en Nouvelle-Zélande.