À un jour de l'atterrissage, la sonde InSight de la NASA vise un contact parfait avec la surface de la planète Mars, filant comme une flèche vers sa cible lointaine sans esprit de retour.

Le long voyage d'InSight de 482 millions de kilomètres, entrepris il y a six mois, s'achèvera lundi après-midi.

Le robot géologue-conçu pour explorer les entrailles de Mars, de la surface au noyau-devra passer d'une vitesse de 19 800 km/heure à zéro en six minutes lorsqu'il traversera l'atmosphère martienne. Il déploiera ensuite son parachute, lancera ses moteurs de descente et atterrira sur trois pattes.

La NASA n'a pas tenté de se rendre sur Mars depuis six ans. Toutes les personnes impliquées dans cette mission spatiale sont naturellement inquiètes.

Thomas Zurbuchen, haut responsable de la mission scientifique à la NASA, a confié dimanche que son estomac était déjà à l'envers. La chose la plus difficile est de ne rien faire, a-t-il ajouté, sauf espérer et prier que tout se déroulera parfaitement.

«Atterrir sur Mars est l'une des réalisations les plus difficiles dans l'exploration spatiale, a déclaré le scientifique principal d'InSight, Bruce Banerdt. C'est tellement difficile, c'est tellement dangereux. Il y a toujours une chance assez importante que quelque chose ne tourne pas rond.»

Le taux de réussite d'une mission vers Mars est de 40% si on tient compte de toutes les tentatives de survols, de vols orbitaux et d'atterrissage effectuées par les États-Unis, la Russie et autres pays depuis 1960.

Les Américains ont réussi sept atterrissages sur Mars et au cours des trois dernières décennies. Une seule fois, ils ont raté leur coup : c'est une performance enviable. Aucun autre pays n'a encore réussi à installer un engin d'exploration sur la surface de la planète rouge.

InSight pourrait donner à la NASA sa huitième victoire.

L'équipe InSight espère que la sonde arrivera sur la plaine d'Elysium située près de l'équateur martien. L'endroit semble aussi plat qu'un stationnement dans le Kansas. Peu ou pas de rochers ne semblent être dans les environs.

La mission de la sonde n'est pas de collecter des cailloux. L'engin immobile de 360 kg utilisera son bras robotique de 1,8 mètre pour placer une taupe mécanique et un sismomètre dans le sol.

La taupe à automartelage creusera sur une profondeur de cinq mètres afin de mesurer la chaleur interne de la planète. De son côté, le sismomètre tentera de détecter les éventuels séismes. Rien de tel n'a encore été tenté sur la planète la plus proche de la Terre.

En examinant les profondeurs ténébreuses de Mars, qui demeurent inchangées depuis les premiers jours de la planète, les scientifiques espèrent créer des images 3D qui pourraient révéler comment les planètes rocheuses se sont formées dans le système solaire, il y a 4,5 milliards d'années et pourquoi elles sont si différentes. Un des grands mystères est de découvrir ce qui a rendu la Terre si accueillante à la vie.

Mars avait jadis des rivières et des lacs ; les deltas et les lacs sont maintenant secs et la planète est froide. Vénus est un four en raison de son atmosphère dense. Mercure, la plus proche du soleil, a une surface cuite par une forte, très forte chaleur.

Selon M. Barnerdt, les connaissances qui seront acquises au cours de cette exploration d'une durée de deux ans pourraient permettre d'en savoir plus sur des mondes rocheux situés au-delà de notre système solaire. Les découvertes sur Mars pourront permettre de comprendre les types de conditions prévalant sur les exoplanètes.

«On veut savoir comment leur histoire s'intègre dans ce que nous essayons de comprendre sur la formation des planètes», a-t-il souligné.

InSight n'a aucune capacité de détection de la vie. Cette mission sera confiée aux futures sondes, comme Mars 2020 de la NASA qui collectera des pierres pouvant contenir des traces de vie ancienne.

La confirmation de la réussite de l'atterrissage pourra nécessiter plusieurs minutes, voire des heures. Au minimum, il existe un délai de communication de huit minutes entre Mars et la Terre.