Des objets accumulés tout au long d'une vie par Neil Armstrong à des échantillons de roche lunaire, deux ventes aux enchères organisées en novembre entendent capitaliser sur la fascination qu'exerce encore sur le public la conquête de la Lune.

Actuellement sur les écrans sous les traits de Ryan Gosling dans First Man, Neil Armstrong, décédé en 2012, sera à l'honneur d'une première vente, à Dallas, jeudi et vendredi, qui proposera plusieurs centaines d'objets, notamment des dizaines de souvenirs ramenés de ses deux missions spatiales.

Nul ne savait vraiment ce qu'avait rassemblé, en 82 ans d'existence, Neil Alden Armstrong, entré dans l'histoire en marchant sur la Lune le 20 juillet 1969, pas même ses enfants.

Après son décès, en 2012, ils ont découvert un trésor, entassé chez lui ou dans la maison de leur mère, Janet, l'ex-femme d'Armstrong.

Des plus historiques, drapeaux ou médailles emmenés lors de la fameuse mission lunaire Apollo 11, jusqu'aux plus anecdotiques, comme une épinglette de l'équipe de football américain de son école.

« Il gardait tout », dit, dans un sourire, Rick, son fils aîné.  

De quoi alimenter le musée Armstrong, situé à Wapakoneta, sa ville natale, ou le Musée national de l'air et de l'espace de Washington.

Mais considérant que de nombreux objets avaient déjà été donnés à ces institutions, Rick (Eric de son vrai prénom) et Mark ont préféré disperser cette collection.

Plus de 2000 lots seront donc proposés lors de trois ventes successives, jeudi et vendredi, puis en mai et novembre 2019.

Le clou de la vente sera un drapeau américain emmené lors du voyage sur la Lune, mais pas déployé sur place, plus grand que la plupart des étendards emmenés dans l'espace (45 cm sur 29).

Il est estimé à 75 000 dollars par Heritage Auctions, la maison organisatrice de la vente.

Rick et Mark ignoraient l'existence de beaucoup de ces souvenirs, car leur père n'en avait exposé qu'une infime partie dans leur maison, peut-être pour ne pas écraser ses enfants sous le poids de ses exploits.

« Il cherchait toujours à relativiser les choses, en particulier avec nous », raconte Rick à l'AFP.

Les deux frères prévoient de consacrer une partie du produit de la vente à la création d'une fondation, et de faire des dons à des organisations.

Plus qu'à la collection, ils se disent attachés aux souvenirs de leur père, dont le film « First Man » livre un portrait contrasté, celui d'un homme assez détaché et renfermé, marqué par le décès de sa fille, Karen, soeur de Rick et Mark.

« Ça et les valeurs, les leçons que nous ont apprises nos parents : c'est ce qui a le plus de valeur pour nous », dit Mark.

Jusqu'à un million de dollars

Contrairement à la vente Armstrong, celle organisée le 29 novembre à New York par Sotheby's comportera peu de lots. Mais l'un d'entre eux devrait atteindre un montant sensiblement supérieur à tout ce qui sera proposé à Dallas.

La maison d'enchères présente, en effet, trois échantillons de roche lunaire, réunis en un lot, prélevés lors de la mission soviétique non habitée Luna-16, en 1970.

Ces fragments avaient été initialement offerts à l'épouse de Sergueï Korolev, considéré comme le père du programme spatial soviétique et décédé en 1966.

Vendus une première fois 442 500 dollars en 1993, ils sont désormais estimés par Sotheby's entre 700 000 et un million de dollars.

D'après la maison d'enchères, l'échantillon proposé fin novembre est le seul parmi les fragments répertoriés prélevés sur la Lune, que ce soit par des missions américaines ou soviétiques, qui ne soit pas la propriété d'un gouvernement.

Signe que les missions lunaires conservent un fort pouvoir d'attraction populaire, une pochette utilisée par Neil Armstrong pour ranger les premiers échantillons lunaires jamais ramassés par l'homme avait été adjugée 1,8 million de dollars lors d'une vente chez Sotheby's à New York, en juillet 2017.