La mission Rosetta qui a permis à un petit robot, Philae, de se poser sur une comète pour la première fois de l'histoire sera peut-être couronnée par un prix Nobel, espère Jean-Jacques Dordain, le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA).

«J'espère qu'il y aura des prix Nobel associés aux résultats de Rosetta et de Philae», a déclaré M. Dordain en présentant vendredi ses voeux à la presse.

Rosetta et Philae ont été sacrés percée scientifique numéro un de 2014 par la revue américaine Science, en raison du potentiel important de découvertes sur les origines du système solaire et de la vie sur Terre.

La sonde européenne Rosetta sera au plus près de la comète Tchouri, à 6 kilomètres, le 14 février, «le jour de la Saint-Valentin», a relevé M. Dordain. Entre Rosetta et la comète, «c'est une histoire d'amour», a-t-il déclaré.

Le 13 août, la comète sera au plus près du Soleil. «Entre ces deux dates, nous allons collecter des informations extraordinaires. Cela va donner beaucoup de travail aux scientifiques pour quelques décennies», a-t-il souligné.

Le patron de l'ESA a reconnu qu'il y avait eu «quelques problèmes» au moment de l'atterrissage de Philae pour récupérer auprès des scientifiques des images et des données afin de les diffuser en direction du grand public.

«Je suis bien placé pour le savoir», car «le jour de l'atterrissage, je me suis battu moi-même pour avoir des images et j'en ai arraché quelques-unes. Il y a des progrès à faire», a-t-il souligné.

Pour autant, M. Dordain ne veut pas «jeter la pierre» aux scientifiques. «Si on fait ces missions, c'est aussi grâce à ces investigateurs principaux qui ont les bonnes idées et réalisent les instruments. Leur vie c'est d'être les premiers à avoir découvert quelque chose», a-t-il expliqué.

«Il faut peut-être faire le tri et voir quelles sont vraiment les données essentielles que les scientifiques doivent garder pendant un certain temps avant de publier» et «les données que l'on peut donner directement au public».

«On a décidé de réfléchir à nouveau à ce problème», a-t-il indiqué.

Le petit robot Philae, passager depuis plus de dix ans de la sonde spatiale européenne Rosetta, s'est posé le 12 novembre sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, après une descente de sept heures en chute libre, à plus de 510 millions de kilomètres de la Terre.

Après deux rebonds, Philae s'est retrouvé coincé entre des falaises, dans un endroit peu éclairé. Cela empêche ses batteries solaires de fonctionner suffisamment pour permettre au robot de poursuivre son travail. Philae est en mode «veille» depuis le 15 novembre.

Il devrait se réveiller aux alentours du mois de mars, selon le CNES, l'agence spatiale française.

Patron de l'ESA depuis 2003, M. Dordain, passera le relais à l'Allemand Johann-Dietrich Woerner, actuel patron du Centre aérospatial allemand (DLR), le 1er juillet.