On a vu trois photos. Une de Rosetta, la sonde chasseuse de comètes, croquée par l'atterrisseur lors de son éjection de Rosetta. Une de Philae, qui a atterri hier sur la comète Tchouri, prise par Rosetta. Et une de Tchouri alors que Philae était à trois kilomètres de sa cible. L'Agence spatiale européenne a réussi hier un tour de force : poser un robot sur une comète située entre Mars et Jupiter.

Un succès européen

Le magazine Le Point a salué ce succès européen, d'une complexité remarquable: quatre accélérations par gravité en passant près de la Terre et de Mars ainsi que 31 mois d'hibernation, pour plus d'une décennie de mission. À l'heure où l'Europe semble paralysée et ingouvernable, voici un rare succès continental.

Deux atterrissages

L'Agence spatiale européenne a rapporté hier que Philae a rebondi lors de son atterrissage: les signaux caractéristiques ont été reçus à deux reprises. Cela fait craindre que le harpon qui doit fixer la sonde à Tchouri n'est pas ancré. Comme Philae était incommunicado la nuit dernière en raison de la position de Rosetta, qui relaie ses signaux radio, les chercheurs n'en auront pas le coeur net avant ce matin.

Le chant de la comète

Rosetta a enregistré en août les oscillations sonores émises par la comète. La fréquence des enregistrements a été amplifiée par un facteur de 10 000 pour les rendre audibles à l'oreille humaine. Les chercheurs avancent que ce «chant» est produit par les gaz émis par la comète alors qu'elle se rapproche du soleil. Plus particulièrement, par l' «ionisation» de ces gaz lorsqu'ils rencontrent d'autres particules présentes dans le vent solaire.

Une première

C'est la première fois qu'un robot atterrit sur une comète. Un sonde japonaise, Hayabusa, avait réussi en 2005 à atterrir sur un objet encore plus petit, un astéroïde qui faisait moins de 500 mètres de côté, contre 2 km sur 4 km pour Tchouri. Mais Rosetta a un itinéraire plus difficile, et les complications d'un atterrisseur séparé rendent la mission plus délicate. En 2005 également, la sonde américaine Deep Impact avait foncé sur une comète, permettant aux télescopes terrestres d'analyser le panache de l'impact.

Déchiffrer le cosmos

La mission fournira des données sur la composition primordiale du système solaire, dont les comètes sont les témoins; il s'agit de matériaux qui ne se sont pas amalgamés en planètes. C'est pourquoi l'Agence spatiale européenne fait référence à l'égyptologie dans sa toponymie. Rosette est la pierre qui a permis de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, au début du XIXe siècle; elle a été trouvée dans un temple de l'île de Philae. Philae a été engloutie lors de la construction d'un barrage dans les années 70 et ses temples ont été transférés dans l'île d'Agilkia, nom du site d'atterrissage du robot Philae.