Un satellite franco-indien SARAL sera lancé lundi à 07h26 (heure de Montréal) du centre spatial Satish Dhawan (Inde) par une fusée indienne PLSV (Polar Satellite Launch Vehicle) afin de permettre de suivre, avec une précision inégalée, la hauteur des eaux et des glaces de notre planète.

SARAL («simple» en hindi) embarque l'instrument AltiKa, un altimètre fonctionnant sur une bande de fréquences (Ka) encore jamais utilisée sur un satellite, ont précisé jeudi les experts du CNES, l'agence spatiale française.

En émettant des signaux radar d'une fréquence plus élevée que les autres missions d'observation de la Terre, «AltiKa offrira une résolution accrue à la fois dans les relevés d'altitude des étendues d'eau (3 à 4 cm seulement sur la hauteur de mer) et dans les surfaces observées (3 km de diamètre)», souligne Juliette Lambin, responsable des programmes «océans et cryosphère» au CNES.

Ces observations seront d'autant plus utiles pour compléter les missions déjà en cours que SARAL aura la même «trace au sol» que le satellite européen Envisat, qui a cessé de fonctionner soudainement l'an dernier après dix années de service et n'est pas encore remplacé.

Avec une durée de vie de trois à cinq ans, AltiKa assurera ainsi la continuité des observations océanographiques, hydrologiques et glaciaires jusqu'à ce que la génération des satellites Sentinel prenne le relais.

Principal objectif de SARAL: améliorer la connaissance de variations océaniques à une échelle «moyenne», comprise entre 100 et 1000 kilomètres environ. Des données cruciales pour les modèles climatiques ou de circulation des courants à l'échelle de la planète tout entière, résume Pierre Sengenès, chef du projet pour le CNES.

Ces données trouveront aussi des «applications dans la sécurité maritime, la surveillance de la pollution, la pêche, etc.», précise Pascal Bonnefond, chercheur en sciences de la Terre à l'Observatoire de la Côte d'Azur.

Pour les scientifiques, les données altimétriques ultra-précises fournies par AltiKa permettront de connaître plus finement les marées et les courants côtiers ou encore d'étudier des cours d'eau bien plus petits qu'auparavant, dans le bassin de l'Amazone par exemple.

SARAL embarque également l'instrument Argos-3, qui viendra compléter la constellation du système de localisation du même nom. Quelque 22 000 balises Argos sont actuellement en circulation, essentiellement sur les océans, pour les besoins de la circulation maritime, du suivi d'espèces animales ou même à des fins militaires.