La navette américaine Endeavour s'est envolée de Floride lundi dans un ciel nuageux, débutant son ultime périple spatial pour livrer un module scientifique qui pourrait percer certaines des grandes énigmes de l'univers.

L'orbiteur avec six astronautes à bord, dont un Italien, s'est arraché de son pas de tir au Centre spatial Kennedy près de Cap Canaveral comme prévu à 8h56 (heure locale et de Montréal) à l'ouverture d'une fenêtre de tir de cinq minutes, vers la Station spatiale internationale (ISS).

Endeavour a atteint l'orbite en 8 minutes 30 secondes.

Il s'agit du 25e lancement d'Endeavour, la plus récente des trois navettes de la flotte, en service depuis 1992, et l'avant-dernier vol d'un orbiteur.

L'ultime lancement d'une navette, le 135e, celui d'Atlantis, est prévu en juillet à une date indéterminée.

«La navette a paru en très bon état lors de son ascension», a indiqué à la presse Bill Gerstenmaier, responsable des opérations spatiales de la Nasa.

Seuls deux très petits morceaux de mousse isolante se sont détachés du réservoir externe peu après les deux premières minutes, mais sans présenter de risque pour l'orbiteur, selon lui.

Le plafond nuageux était très bas, à 152 mètres, a précisé Mike Leinbach, le directeur du lancement, et Endeavour n'a été visible du sol que pendant 22 secondes, du jamais vu selon ce responsable expérimenté.

Mais la couche nuageuse entre 500 et 1500 mètres n'était pas très dense, respectant ainsi les critères de lancement, a-t-il expliqué.

La représentante démocrate d'Arizona Gabrielle Giffords, épouse du commandant de bord d'Endeavour, Mark Kelly, et qui avait été blessée par balle à la tête dans un attentat en janvier dans l'Arizona, a assisté en privé au lancement.

La veille, ils avaient échangé leurs alliances, a dit à la presse la principale conseillère de l'élue, Pia Carusone, précisant que cette dernière était toujours restée assise.

Elle a aussi donné une photo à son mari et une lettre à lire une fois qu'il sera sur orbite, selon Pia Carusone.

Ce vol mettra fin à un programme de 30 ans pour les navettes américaines, ayant permis de construire l'ISS et de lancer Hubble, premier télescope spatial qui a révolutionné l'astronomie.

Le principal objectif de la mission de 16 jours d'Endeavour, reportée une première fois le 29 avril en raison d'un problème électrique, est l'acheminement vers l'ISS du spectromètre magnétique Alpha 2 (AMS), un module expérimental de sept tonnes et de deux milliards de dollars.

L'AMS vise à s'attaquer aux plus grands mystères de l'univers, comme l'existence de l'antimatière ou de la nature de la matière noire invisible.

Endeavour achemine aussi le module de fret Express Logistic Carrier qui sera attaché de façon permanente à l'ISS, dont l'exploitation a été prolongée jusqu'à au moins 2020.

Une foule estimée à quelque 500 000 personnes, moins nombreuse que le vendredi 29 avril, est venue voir le lancement d'Endeavour lundi. Cette baisse d'affluence s'explique par le fait que c'était jour de semaine.

Le président Barack Obama avait aussi fait le déplacement le 29 avril avec sa famille pour assister au décollage, mais n'est pas revenu lundi.

L'équipage d'Endeavour comprend Mark Kelly (47 ans), le copilote Gregory Johnson (48 ans) et quatre spécialistes de mission: Mike Fincke (44 ans), Drew Feustel (45 ans), Greg Chamitoff (48 ans) et l'Italien Roberto Vittori (46 ans), de l'Agence spatiale européenne (ESA).

Après le dernier vol d'une navette, les États-Unis dépendront des Soyouz russes, à 51 millions de dollars le siège, pour acheminer leurs astronautes vers l'ISS le temps qu'un autre vaisseau américain, probablement commercial,  prenne la relève en 2015 au mieux.