La Nasa devrait concentrer ses efforts au cours de la décennie à venir sur une mission d'exploration de Mars à l'aide d'un rover, un véhicule de surface alimenté par l'énergie solaire, plutôt que sur des vols habités dans l'espace, estime un rapport d'experts publié lundi.

Cette recommandation, parmi d'autres, émane d'un panel de scientifiques et est publiée dans un rapport du Conseil national américain de la recherche (National Research Council).

Ce rapport, commandé par la Nasa, appelle l'agence spatiale américaine à lancer vers différentes planètes des missions «qui pourraient fournir un flux constant de nouvelles découvertes importantes sur le système solaire», entre 2013 et 2022.

La Nasa est sous les feux croisés des parlementaires qui examinent son projet de budget 2012, et du public, qui l'exhorte à trouver un nouveau moyen de lancer des vols habités lorsque prendra fin son programme de navettes spatiales après trois décennies de bons et loyaux services.

«Le comité s'inquiète de la possibilité, comme cela s'est vu dans un passé récent, que les programmes de vols habités cannibalisent les programmes spatiaux d'exploration scientifique», explique le rapport, qui réclame des budgets séparés pour les missions scientifiques et les vols habités.

«L'exploration humaine peut fournir des occasions intéressantes de faire avancer la science, mais la science n'est pas sa motivation première», notent ses auteurs.

Ils recommandent à la Nasa d'accorder la priorité au projet MAX-C de mission vers Mars (Mars Astrobiology Explorer-Cacher), dont le but est de parvenir à déterminer si la vie a été possible sur la planète rouge. Il est prévu pour 2018 sous forme de partenariat entre la Nasa et l'Agence spatiale européenne.

«La surface martienne conserve la mémoire de l'histoire des débuts du système solaire, sur une planète où les conditions ont peut-être été semblables à celles de la Terre quand la vie a émergé», souligne le rapport.

Mais le projet actuel d'utilisation d'un rover pour collecter des échantillons est trop ambitieux et doit être revu à la baisse pour économiser un milliard de dollars, sur un coût estimé par des experts indépendants à 3,5 milliards, ajoute le rapport.

La deuxième priorité devrait être d'explorer Europe, la lune glacée de Jupiter, pour déterminer si elle serait susceptible d'accueillir la vie.

«Cette lune, avec son océan probablement vaste situé sous la surface et pris en sandwich entre une croûte de glace hautement dynamique et un intérieur de silicate potentiellement actif, offre l'un des environnements extraterrestre potentiellement habitables les plus prometteurs de notre système solaire», selon le rapport.

Les chercheurs soulignent cependant que là aussi, il va falloir revoir le coût à la baisse, sinon «cela mènerait à un trop grand déséquilibre dans les programmes et conduirait à l'élimitation de trop d'autres missions importantes». Le coût prévu du projet Jupiter Europa Orbiter (JEO) est de 4,7 milliards pour l'année budgétaire 2015.

Le projet de budget 2012 envoyé au Congrès par le président Barack Obama prévoit un gel des dépenses de la Nasa à 18,7 milliards par an jusqu'en 2018.

Le secteur privé travaille à une capsule et une fusée capables d'envoyer des astronautes dans l'espace pour remplacer les navettes, un projet que la Nasa voudrait voir aboutir d'ici 2015 ou 2016, bien qu'aucun contrat n'ait encore été signé.