Des quantités importantes de vapeur d'eau ont été arrachées à l'atmosphère de Vénus par le vent solaire, selon des observations de la sonde européenne Venus Express présentées mercredi lors du congrès européen de planétologie (ESPC) à Potsdam près de Berlin.

 

Lancée en 2005, la sonde Venus Express étudie l'atmosphère de Venus, pour mieux comprendre les phénomènes climatiques qui ont fait de cette planète un enfer brûlant.

«A une époque, Vénus et la Terre ont dû être très semblables et il nous faut comprendre pourquoi et comment elles ont pu diverger au point que l'une a pu devenir le berceau de la vie tandis que l'autre s'est transformée en un véritable enfer», avait déclaré le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) Jean-Jacques Dordain lors du lancement.

«La vapeur d'eau est très rare dans l'atmosphère vénusienne : si c'était de l'eau liquide, elle ne couvrirait la surface de Vénus que sur quelques centimètres d'épaisseur», explique l'un des chercheurs, Emmanuel Marcq du Laboratoire atmosphères, milieux, observations Spatiales (LATMOS, France).

L'atmosphère très dense de Vénus est essentiellement constituée de CO2, gaz à effet de serre, si bien qu'à la surface de cette planète soeur de la Terre, les températures moyennes dépassent 460° C.

Par le passé, «nous pensons qu'il y a eu de grands volumes d'eau sur Vénus qui se sont depuis lors échappés dans l'espace ou qui ont été arrachés par les vents solaires», a ajouté M. Marcq dans un communiqué.

D'après les mesures effectuées par les spectromètres de Venus Express à des altitudes comprises entre 10 et 110 km, la proportion d'eau lourde par rapport à l'eau normale est près de deux fois plus élevée dans la haute que dans la basse atmosphère.

L'eau lourde où l'atome normal d'hydrogène est remplacé par un isotope plus lourd, le deutérium, «n'a pas pu échapper à la gravité de Vénus aussi facilement que l'eau normale», explique M. Marcq.

Cet enrichissement de la haute atmosphère en eau lourde prouve que de l'eau s'en échappe et «que Vénus était probablement plus humide et semblable à la Terre dans un lointain passé», ajoute-t-il.

D'autres études effectuées par le laboratoire français LESIA et par l'université d'Oxford montrent que la concentration en vapeur d'eau passe de 44 ppm (parties par million) dans la basse atmosphère chaude à 25 ppm à une altitude de 30 à 40 km.