« Mother's gonna put all of her fears into you », chantait Pink Floyd sur l'album The Wall. On sait que les parents peuvent transmettre leurs peurs à leurs enfants. Et une étudiante de l'Université de Montréal en a décortiqué les mécanismes.

« La peur se retrouve au centre de plusieurs psychopathologies, comme les troubles anxieux et le trouble de stress post-traumatique », explique Alexe Bilodeau-Houle, étudiante à la maîtrise en psychologie. 

« Et comme il y a une grande composante familiale dans ces troubles, il est intéressant d'étudier la transmission de la peur du parent à l'enfant. » - Alexe Bilodeau-Houle, étudiante à la maîtrise en psychologie

Pour ce faire, Mme Bilodeau-Houle a élaboré un ingénieux protocole. Première étape : inculquer une peur chez le parent en lui présentant un stimulus neutre (une lumière bleue) tout en lui administrant simultanément une légère décharge électrique. Une lumière jaune, au contraire, n'était associée à aucune décharge électrique. Face à un tel traitement, l'adulte devient rapidement nerveux face à une lumière bleue. Les chercheurs ont filmé ces expériences, puis les ont fait visionner à leurs enfants âgés de 8 à 12 ans.

Les enfants ont ensuite été exposés aux mêmes lumières bleues et jaunes, et on leur a dit qu'ils pourraient recevoir des décharges électriques. En réalité, aucune décharge n'a été administrée aux enfants. La chercheuse a montré que les enfants étaient plus stressés lorsqu'une lumière bleue apparaissait, montrant qu'ils avaient assimilé les peurs de leurs parents. Fait intéressant, les filles ont présenté des réponses de peur plus importantes que les garçons face aux lumières (qu'elles soient bleues ou jaunes) et discriminaient mieux le signal de peur (lumière bleue versus lumière jaune).

« On sait que les filles et les femmes sont de deux à trois fois plus à risque de souffrir de troubles anxieux et de trouble du stress post-traumatique, ce qui est cohérent avec nos données », dit Mme Bilodeau-Houde, qui travaille sous la direction de la Dre Marie-France Marin. Prochaine étape : étudier la peur chez les enfants dont les parents souffrent du trouble de stress post-traumatique.