Des milliers de personnes partout dans le monde, influencées par de vieux écrits mayas, sont convaincues que la Terre ne survivra pas à la journée d'aujourd'hui. Rien n'est moins sûr, mais il n'est pas dit qu'une catastrophe planétaire ne frappera pas un jour. La vraie menace vient... du Soleil.

L'avertissement viendra sous la forme de fortes aurores boréales... jusque dans les tropiques. Puis, tout s'éteindra d'un coup, à la grandeur du continent. Et il faudra des années pour s'en remettre.

Ce scénario catastrophe est peut-être celui qui se rapproche le plus d'un risque réel de «fin du monde», en tout cas d'une épreuve majeure pour notre société hypertechnologique.

C'est la conclusion de l'Académie nationale des sciences (NAS) des États-Unis. Le rapport Severe Space Weather Event, commandé par la NASA et publié en 2008, constate la vulnérabilité croissante du monde contemporain aux tempêtes solaires.

Le rapport rappelle la panne généralisée qui a frappé le Québec en mars 1989. Une forte explosion solaire avait coupé d'un seul coup toute l'énergie en provenance de la Baie-James. Déséquilibré, le reste du réseau québécois s'était effondré. La panne généralisée avait duré neuf heures, et les réseaux voisins avaient dû faire du délestage.

Aussi spectaculaire qu'il ait été, cet événement de «météo spatiale» demeure bénin. L'histoire en recèle au moins trois beaucoup plus puissants.

En 774, un phénomène cosmique a laissé des taux élevés de carbone 14 dans les cercles des arbres au Japon. L'événement est mentionné dans les chroniques anglo-saxonnes. On n'est pas certain qu'une tempête solaire ait été en cause, mais, si c'est le cas, elle a été au moins 60 fois plus puissante que celle de 1989.

L'événement de Carrington

Le 2 septembre 1859, l'événement dit de Carrington a été observé partout dans l'hémisphère Nord sous forme d'aurores boréales, notamment au Salvador: «La lumière rouge était si vive que les toitures des maisons et les feuilles des arbres semblaient couvertes de sang», rapporte un témoin de l'époque.

Le service naissant du télégraphe avait été touché. «Dans les bureaux du télégraphe, il y eut de nombreux messages fantasques et indéchiffrables, et le feu d'artifice atmosphérique y prit la forme de flammèches brillantes», avait rapporté à l'époque le Philadelphia Evening Bulletin.

Enfin, les 14 et 15 mai 1921, une tempête solaire 10 fois plus forte que celle de 1989 a frappé. «Si un tel événement se produisait aujourd'hui, une panne majeure toucherait 130 millions de personnes (aux États-Unis) et plus de 350 postes de transformation seraient exposés à un risque de dommages permanents», affirme le rapport de la NAS.

Les systèmes de transport d'électricité à courant alternatif ne sont pas faits pour absorber du courant continu. Ce courant est dirigé vers les transformateurs, qui surchauffent et dont le cuivre fond.

Une fois le courant coupé, les autres systèmes tombent: eau potable, transports, pipelines, etc.

«L'aspect le moins bien compris de cette menace, ce sont les dommages permanents au réseau électrique», note le rapport. En effet, il n'y a pas assez de transformateurs en réserve ni de personnel qualifié pour prendre rapidement la relève.

Adrian Melott, physicien à l'Université du Kansas à Lawrence, a étudié l'événement de 774 et a conclu qu'il a bel et bien été causé par une tempête solaire. Il croit que, s'il se reproduisait aujourd'hui, ce serait désastreux. «Il pourrait y avoir beaucoup de morts», a-t-il déclaré à la revue Nature, le mois dernier.

On estime à 1 ou 2 billions (de 1000 à 2000 milliards) de dollars les coûts sociaux et économiques que pourrait avoir une forte tempête géomagnétique aux États-Unis, dans la première année seulement. Les impacts pourraient se faire sentir pendant au moins 4 ans, peut-être jusqu'à 10 ans.

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