Pourquoi anesthésier les rats de laboratoire pour les étudier quand on peut faire autrement? Des chercheurs australiens estiment qu'il est possible, et bien plus efficace, de les disséquer - au scanner - à l'état de veille, voire totalement libres de leurs mouvements.

Leur méthode est toute simple: coupler aux traditionnelles techniques du scanner TEP (tomographie par émission de positrons) un dispositif de reconnaissance de mouvement, qui permet de compenser les mouvements du rat lors de la reconstruction de l'image en 3D.

Ce procédé d'imagerie serait non seulement «inoffensif et indolore» pour les animaux, mais surtout il permettrait d'éviter de modifier le métabolisme des rats et les réactions de leur cerveau, ce qui risque de fausser certaines expériences en neurosciences, estiment les chercheurs qui publient leur étude mercredi dans la revue britannique Journal of the Royal Society Interface.

Le scanner TEP est une technique d'imagerie qui permet d'observer l'activité d'un organe humain ou d'un animal in vivo. Des substances radioactives sont attachées aux molécules dont on souhaite étudier l'action, un nouveau médicament par exemple, puis injectées dans l'organisme. Leur parcours peut alors être suivi dans le corps à l'aide des rayonnements émis par les marqueurs nucléaires.

«Dans la recherche en neurosciences, de tels examens sont fréquemment menés sur des animaux pour comprendre les maladies et leurs processus, l'action d'un médicament, etc. Les connaissances acquises servent ensuite à développer des traitements pour les humains», explique à l'AFP Andre Kyme, de l'Université de Sydney (Australie).

«L'imagerie animale est presque toujours pratiquée sur des animaux anesthésiés afin que l'animal reste immobile, car le moindre mouvement nuirait à la reconstruction des images en 3D par la TEP», qui deviendraient floues et inutilisables, souligne-t-il.

«Mais l'anesthésie présente deux défauts: d'une part, les anesthésiants peuvent modifier ce qui est mesuré dans le cerveau, d'autre part cela nous empêche d'étudier ce qui se passe dans son cerveau lorsqu'il se comporte normalement», accomplit une tâche ou interagit avec ses congénères, poursuit le chercheur.

Selon Andre Kyme et ses collègues, leur méthode couplant TEP et capteur de mouvements revient à gommer tous les mouvements parasites de l'image, «le scanner TEP ''ignore'' que l'animal a bougé», assure le chercheur.

D'après l'étude, le scanner est ininterrompu dans plus de 95% des cas lorsque le rat est placé dans un tube suffisamment large pour ne pas le stresser et lui permettre de remuer la tête. Et les simulations réalisées sur des rats totalement libres de leurs mouvements ont enregistré moins de 10% d'interruptions de l'image.