Une équipe scientifique russe, décidée à percer les mystères du lac Baïkal, est descendue mardi à moins 1.592 mètres mais a échoué à établir un record mondial de plongée en eau douce, contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps.

«Il n'y a pas eu de record», a dit le chef de l'expédition, Artour Tchilingarov, à des journalistes après avoir lui-même annoncé la performance supposée.

Le premier submersible, Mir-1, est descendu à 1580 mètres et le second, Mir-2, à 1592 mètres, a-t-il précisé à l'AFP, soit moins que la profondeur maximale du lac enregistrée lors d'une précédente descente au début des années 90 (1637 mètres)

«Oui, j'essaierai encore», a-t-il ajouté alors qu'on lui demandait s'il allait de nouveau tenter de battre le record, qui a fait l'objet d'une énorme battage médiatique en Russie, friande d'exploits nationaux et de reconnaissance internationale.

Les organisateurs avaient précédemment annoncé que Mir-1 avait atteint 1.680 mètres en plongeant dans la partie orientale du lac, à cinq heures en bateau du petit port de Tourka.

L'erreur semble due à une mauvaise liaison radio entre l'équipage du submersible et la barge depuis laquelle il avait entamé son immersion.

«Je suis allé voir le responsable radio. Je l'ai vu enregistrer par écrit les 1680 mètres. Il était 15h14», a expliqué le représentant en Russie de l'organisation World Guiness Records chargée de valider les records mondiaux, Alexeï Svistonov.

M. Svistonov a raconté avoir ensuite reçu d'autres mesures. «J'ai fini par parler avec le pilote de Mir-1 qui m'a dit 1580 mètres. Je suis déçu. Il n'y pas eu de record», a-t-il dit après avoir lui-même déclaré à des journalistes présents qu'un record avait été battu.

Mir-1 et Mir-2, avec trois personnes à leur bord chacun, ont été mis à l'eau à une demi-heure d'intervalle à l'aide d'une grue, puis emmenés à quelques centaines de mètres de là, dans deux directions différentes, avant d'entamer leur plongée.

Cinq heures plus tard, Mir-1 remontait, précédé par un double arc-en-ciel à la surface du lac, après avoir prélevé plusieurs échantillons au fond du lac. L'équipage, à peine sorti de l'habitacle, a alors sabré le champagne en direct devant les caméras.

«Le fond du Baïkal est propre. Il n'y a rien de ce qu'on pouvait craindre, de la boue ou des ordures», a raconté le président de la république russe de Bouriatie, Viatcheslav Nagovitsyne, l'un des trois passagers de Mir-1.

Le Baïkal, gigantesque réserve d'eau douce (20% du volume mondial) réputée pour ses paysages idylliques au coeur de la Sibérie, s'étend sur 636 kilomètres de long et 80 kilomètres de large.

«Nous voulons étudier, observer le Baïkal» afin d'aider à «le préserver», avait expliqué M. Tchilingarov, à la veille de la plongée.

Ce scientifique, un député proche du Kremlin, avait déjà mené l'opération fortement médiatisée ayant permis de planter un drapeau russe au fond de l'océan Arctique à plus de 4.000 mètres sous le Pôle Nord, en août 2007.

Des dizaines de plongées des Mir-1 et 2 sont programmées pour les prochains mois dans les profondeurs du lac Baïkal. Les scientifiques vont tenter d'établir s'il contient des espèces animales inconnues et des dépôts de gaz, notamment de méthane, voire de pétrole, grâce aux prélèvements qui seront effectués pendant les plongées.

Ils veulent aussi attirer l'attention sur les menaces écologiques, liées à des usines riveraines et d'autres infrastructures, qui pèsent sur le lac.