L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières jeudi sur la bande de Gaza assiégée et dévastée par plus de six mois de guerre, le chef de l’ONU Antonio Guterres déplorant un « enfer humanitaire » dans le territoire palestinien.

Le même jour, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont renforcé leurs sanctions contre l’Iran, qui a lancé le 13 avril une attaque aux drones et missiles contre le territoire israélien après à une frappe meurtrière imputée à Israël contre le consulat iranien à Damas.

Les dirigeants israéliens ont menacé de répondre à cette première attaque directe jamais menée par l’Iran contre son ennemi juré. Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a dit que l’Iran ferait « regretter » à Israël toute attaque contre son territoire.

Face aux craintes d’un embrasement régional, les déclarations alarmantes se sont amplifiées alors que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre contre le territoire israélien, ne connaît aucun répit.

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Nuiseirat, au centre de la bande de Gaza, le 18 avril 2024

Le Moyen-Orient est « au bord du précipice » d’un « conflit régional généralisé », a prévenu M. Guterres devant le Conseil de sécurité.

« Nous sommes au bord d’une guerre au Moyen-Orient qui provoquera des ondes de choc dans le reste du monde », a averti le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell.

Jeudi, des frappes israéliennes ont à nouveau ciblé la petite bande de terre assiégée par Israël depuis le 9 octobre et dont la majorité des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.

Ces dernières 24 heures, au moins 71 morts supplémentaires ont été recensés dans la bande de Gaza, portant à 33 970 le bilan des morts, essentiellement des civils, depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas.  

« Nous avons récupéré les restes de 12 personnes », a déclaré Abdeljabbar al-Arja, après avoir fouillé les décombres d’une maison touchée par une frappe à Rafah (sud) où s’entassent 1,5 million de personnes en majorité des déplacés.

« Il y avait des femmes et des enfants, on a trouvé des bras et des pieds. Ils ont tous été mis en pièces. C’est horrible », s’est-il exclamé.

« Mort, destruction »

L’armée israélienne a dit avoir frappé des dizaines de « cibles », dont des « terroristes, des postes d’observation et des structures militaires », dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

En soirée, la branche armée du groupe palestinien Djihad islamique, qui combat au côté du Hamas, a revendiqué des tirs de roquettes en direction de localités du sud d’Israël, près de la bande de Gaza. Des sirènes d’alerte ont retenti selon l’armée.

La campagne israélienne de bombardements intensifs suivie d’une offensive terrestre, a été déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 250  personnes ont été enlevées durant l’attaque et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d’après des responsables israéliens.

« Nous avons la responsabilité ensemble […] d’éloigner la région du précipice », a déclaré M. Guterres devant le Conseil de sécurité.

« En commençant par Gaza » où « six mois et demi d’opérations militaires israéliennes ont créé un enfer humanitaire », a-t-il déploré, décrivant deux millions de Palestiniens endurant « la mort, la destruction, le déni d’aide humanitaire vitale ».

Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la libération de tous les otages.

« Accord maintenant ! »

Les pourparlers sur une trêve à Gaza associée à une libération d’otages piétinent depuis des mois, les belligérants s’accusant de les bloquer.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui a récusé « les allégations sur une famine à Gaza », dit vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’UE.

Il est décidé à lancer une offensive terrestre contre Rafah, présentée comme le dernier grand bastion du Hamas.

À Tel-Aviv, des proches d’otages ont une nouvelle fois manifesté, bloquant une avenue, pour réclamer leur libération avant la pâque juive qui commence lundi soir. « Un accord pour les otages maintenant ! », « Arrêtez la guerre », proclamaient des pancartes brandies par les manifestants.

« Réponse différente »

Israël lutte aussi sur un autre front, contre la République islamique d’Iran.

En attaquant Israël, l’Iran a dit avoir agir en « légitime défense » après l’attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n’a ni confirmé ni démenti.

« Les actions de légitime défense et contre-mesures de l’Iran sont terminées, donc le régime terroriste israélien doit arrêter tout nouvel aventurisme militaire contre nos intérêts », a dit Amir-Abdollahian lors d’une réunion sur la situation au Moyen-Orient à New York.

Israël a dit avoir intercepté avec ses alliés la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles lancés par l’Iran, et affirmé que l’attaque iranienne ne resterait pas « impunie ».

« Il y aura bien une réponse mais elle sera différente de ce qui était initialement prévu », a indiqué un haut responsable à la chaîne.

Entretemps, les États-Unis, alliés indéfectibles d’Israël, et le Royaume-Uni ont annoncé avoir renforcé leurs sanctions contre l’Iran, ciblant « le programme iranien de drones, l’industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles ». L’UE a aussi annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran.

« Nous faisons en sorte que l’Iran rende des comptes », a dit le président Joe Biden.