Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a donné son feu vert à un nouveau cycle de pourparlers à Doha et au Caire, en vue d’une trêve à Gaza, a indiqué vendredi son bureau, après que les négociations semblaient dans l’impasse.

« Benyamin Nétanyahou s’est entretenu avec le directeur du Mossad [services extérieurs israéliens] et le directeur du Shin bet [renseignement intérieur], et a approuvé un nouveau cycle de négociations dans les prochains jours, à Doha et au Caire », a précisé son bureau dans un communiqué.

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Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou

Depuis l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies lundi d’une résolution exigeant un « cessez-le-feu immédiat », Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de leur incapacité à trouver un accord sur une trêve, après bientôt six mois de guerre entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza.

Le Qatar, pays médiateur, a indiqué mardi que les négociations entre le Hamas et Israël sur une trêve à Gaza et la libération des otages se poursuivaient, mais peu d’informations avaient été communiquées depuis par les différentes parties.

Le bureau de M. Nétanyahou a ajouté que le premier ministre s’était entretenu avec le chef du Mossad, David Barnea, au sujet des négociations, mais n’a pas précisé si M. Barnea se rendrait à Doha ou au Caire pour les pourparlers.

Nouveaux bombardements meurtriers à Gaza

Des bombardements israéliens ont de nouveau frappé vendredi la bande de Gaza, territoire palestinien assiégé dont la population fait face à une « famine imminente » selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de six mois après le début de la guerre avec le Hamas.

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Une fillette se tient dans un édifice détruit lors d’un bombardement israélien nocturne à Rafah, le 29 mars.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état en matinée de « dizaines de morts » lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (Sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.

Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont désormais menacés de famine selon l’ONU qui déplore une aide largement insuffisante pour répondre aux besoins de la population.  

« Il n’y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente », a déploré jeudi sur X Matthew Hollingworth, chargé des territoires palestiniens au PAM.

« Sans délai »

Israël doit « veiller sans délai » à ce que soit assurée « sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence », a déclaré jeudi la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye.

Saisie par l’Afrique du Sud, la juridiction avait ordonné en janvier à Israël de faire tout son possible pour empêcher un « génocide » dans le territoire palestinien, Israël jugeant « scandaleuses » de telles accusations.

Dans la nuit, le Hamas s’est félicité de la décision de la CIJ et a demandé sa « mise en œuvre immédiate ».

Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et des expéditions d’aide par voie maritime, mais tous soulignent que ces voies d’approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza par le Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

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Un homme est assis les décombres d’une maison touchée par un bombardement israélien dans le camp de réfugiés palestiniens de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 mars.

D’après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas — qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne — et lancé une offensive qui a fait à 32 623 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.  

« Entrer à Rafah »

L’armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a dit vendredi poursuivre ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (Nord), disant avoir « éliminé environ 200 terroristes » dans le secteur depuis le 18 mars.

Elle a souligné s’assurer de « prévenir toute atteinte aux civils, patients, équipes médicales et matériel ».  

Dans le centre de la bande de Gaza, l’armée a dit avoir « détruit de nombreuses roquettes destinées à être tirées vers Israël », et éliminé des « terroristes ».

Des opérations se poursuivent également à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dans les secteurs d’Al-Amal et Al Qarara, où des combattants palestiniens ont aussi été tués, selon elle.

À Khan Younès, plusieurs blessés ont été transportés en ambulance à l’hôpital européen dans la nuit, selon des images de l’AFP. Certaines victimes, dont des enfants, étaient soignées à même le sol.

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Des femmes pleurent la mort d’un enfant tué dans un bombardement israélien à l’hôpital européen de Khan Younès, le 29 mars.

« Rien n’a changé »

À Rafah, plus au sud, des dizaines d’hommes œuvraient à dégager des décombres d’un bâtiment bombardé des blessés et des corps, d’où a notamment été extrait un jeune garçon.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a réaffirmé jeudi sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah en dépit des pressions internationales, y compris des États-Unis.   

« Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès (Sud). Nous avons coupé en deux la bande de Gaza et on se prépare à entrer à Rafah », a-t-il dit.

Les États-Unis, principal allié d’Israël qui redoute le bilan humain d’une telle opération, a récemment demandé l’envoi d’une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet.  

Une résolution à l’ONU réclamant un « cessez-le-feu immédiat » a été adoptée lundi après l’abstention des États-Unis, mais « rien n’a changé » sur le terrain depuis, a déploré le président international de Médecins sans frontières Christos Christou.