(Bruxelles) L’UE va débloquer « en début de semaine prochaine » 50 millions d’euros d’aide à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) avant un possible déblocage de 32 millions supplémentaires à terme, a annoncé vendredi la Commission européenne.

Cette décision « tombe à point nommé », a réagi sur X le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, huit jours après avoir indiqué que son organisation avait atteint un « point de rupture avec les appels répétés d’Israël à son démantèlement et le gel des financements de donateurs face à des besoins humanitaires à Gaza sans précédent ».

L’agence est fragilisée depuis qu’Israël a accusé en janvier 12 de ses employés d’être impliqués dans l’attaque du 7 octobre lancée par le Hamas et ayant déclenché la guerre en cours entre Israël et ce mouvement islamiste palestinien qui tenait Gaza au début des hostilités.

Face à ces accusations, l’Unrwa s’était immédiatement séparée de ces employés, mais très rapidement une douzaine de pays, dont d’importants donateurs comme les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Suède, avaient annoncé suspendre leur financement à l’agence.

L’Union européenne avait réclamé fin janvier un audit sur le fonctionnement de l’Unrwa. La Commission avait alors précisé qu’elle déciderait ou non de suspendre son financement, en fonction des résultats de l’enquête de l’ONU diligentée dans la foulée des accusations israéliennes.

Saluant l’enquête onusienne en cours, la Commission a indiqué vendredi dans un communiqué avoir « trouvé un accord avec » l’agence permettant le déblocage de 50 millions d’euros.

Deux tranches supplémentaires de 16 millions d’euros chacune seront débloquées ultérieurement « en fonction de l’application de l’accord », ajoute le texte.

L’Unrwa a indiqué être « prête à ce qu’un examen de ses employés soit mené afin de confirmer qu’aucun n’a participé aux attaques » et « à ce que des contrôles supplémentaires soient établis pour limiter ce risque à l’avenir », précise le communiqué.

Selon un porte-parole de la Commission, cet examen portera sur les employés de l’Unrwa à Gaza comme en Cisjordanie.

« Disproportionné et dangereux »

La Commission ajoute que l’Unrwa a également « accepté le lancement d’un audit mené par des experts externes nommés par l’UE » en vue d’examiner « les systèmes de contrôle pour empêcher l’implication éventuelle de son personnel et de ses fonds dans des activités terroristes ».

L’argent de l’UE « soutiendra les efforts de l’agence pour maintenir des services vitaux et essentiels pour les réfugiés palestiniens », a estimé, sur X, M. Lazzarini, pour qui le « déboursement total de la contribution [européenne] est crucial pour la capacité de l’agence a poursuivre ses opérations dans une zone très instable ».  

Au-delà de son soutien à l’Unrwa, créée en 1949, la Commission européenne a par ailleurs annoncé vendredi allouer 68 millions d’euros supplémentaires d’aide d’urgence aux Palestiniens en 2024.

Administrant nombre d’écoles et d’hôpitaux, l’Unrwa emploie quelque 30 000 personnes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ainsi qu’au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Supprimer le financement de l’agence onusienne serait « disproportionné et dangereux » et « mettrait en danger des centaines de milliers de vies », avait estimé début février le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

L’attaque du Hamas le 7 octobre a causé la mort d’au moins 1160 personnes, côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

La campagne militaire israélienne déclenchée en représailles a fait plus de 30 200 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.