(Sanaa) Les États-Unis vont « continuer » leurs représailles contre des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie, a déclaré dimanche le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, qui n’a pas voulu dire si des frappes contre l’Iran étaient exclues.

« Ce n’est pas fini. Nous avons l’intention de procéder à des frappes supplémentaires et de prendre des mesures supplémentaires pour continuer à envoyer un message clair selon lequel les États-Unis réagiront lorsque leurs forces seront attaquées », a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision NBC.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé avoir bombardé des dizaines de cibles au Yémen samedi, en réponse aux attaques répétées menées par les rebelles houthis soutenus par l’Iran contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.

Ces raids aériens au Yémen sont intervenus au lendemain d’une série de frappes américaines contre des forces d’élite iraniennes et des groupes armés pro-iraniens en Syrie et en Irak, en réponse à la mort de trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier.

S’exprimant sur une autre chaîne, ABC, le haut responsable américain a affirmé que ces frappes ont eu un « bon impact » visant à priver ces groupes de la capacité de mener d’autres attaques contre les forces américaines.

En Irak et en Syrie, les États-Unis ont frappé un total de 85 cibles sur sept sites différents, dont des centres de commandement et de renseignement et des infrastructures de stockage de drones et de missiles, selon le Pentagone.

Interrogé sur des victimes civiles, il a indiqué n’être pas en mesure de confirmer mais que les cibles visées étaient « tout à fait légitimes ».

Pressé pour savoir si Washington avait exclu de frapper directement l’Iran, M. Sullivan a répondu sur NBC : « Je ne vais pas dire ici à la télévision en public ce qui est ou ce qui n’est pas sur la table ».

PHOTO TOM BRENNER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan

« S’ils choisissent de répondre directement aux États-Unis, ils recevront une réponse rapide et résolue de notre part », a-t-il cependant affirmé.

Les houthis jurent de riposter

Les rebelles houthis ont juré dimanche de riposter aux frappes américano-britanniques contre des régions sous leur contrôle au Yémen, menées en réponse aux attaques de ces insurgés soutenus par l’Iran contre des navires marchands en mer Rouge.

C’est la troisième opération conjointe des États-Unis et du Royaume-Uni contre les houthis au Yémen. Les forces américaines ont mené aussi, seules, des frappes contre des cibles rebelles dans le pays en guerre depuis 2014.

PHOTO AS1 LEAH JONES, RAF VIA ASSOCIATED PRESS

Cette photo publiée par le ministère britannique de la Défense (MOD) le 4 février montre un avion Typhoon FGR4 de la RAF retournant à la base après des frappes contre des cibles houthis au Yémen.

Mais malgré l’intensification des opérations américaines, les houthis ont poursuivi leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, disant viser des navires liés à Israël « en solidarité » avec les Palestiniens à Gaza, ravagée par la guerre entre Israël et le Hamas.

Les frappes américano-britanniques ont visé samedi 36 cibles rebelles « dans 13 lieux au Yémen en réponse aux attaques continues des houthis contre le trafic maritime international et commercial ainsi que les navires de guerre transitant par la mer Rouge », selon un communiqué conjoint des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays ayant soutenu l’opération.

« Des arsenaux profondément enterrés, des systèmes et lanceurs de missiles, des systèmes de défense antiaérienne et des radars des houthis » ont été ciblés, ajoute le texte.

Les houthis ont commencé à s’en prendre au trafic maritime en mer Rouge en novembre. Et ils ont désigné les intérêts américains et britanniques comme des cibles légitimes après les frappes de ces deux pays.

« L’escalade par l’escalade »

Les nouvelles frappes « n’ébranleront pas » le « soutien des houthis au peuple palestinien résistant à Gaza et ne passeront pas sans réponse et sans punition », a averti Yahya Saree, le porte-parole militaire des houthis.

PHOTO KHALED ABDULLAH, REUTERS

Rassemblement de houthis près de Sanaa, au Yémen, le 4 février

Sans mentionner de victimes, il a fait état de 48 frappes dans six provinces, dont treize sur la capitale Sanaa et ses alentours, et neuf dans la région de Hodeida, sous contrôle des houthis.

« Soit il y a la paix pour nous, la Palestine et Gaza, soit il n’y a pas de paix et pas de sécurité pour vous dans notre région », a prévenu samedi un porte-parole des houthis, Nasr al-Din Amer. « Nous répondrons à l’escalade par l’escalade. »

« Nous avons eu peur quand nous avons entendu les frappes » samedi soir, témoigne à Sanaa Hamed Ghanem, 35 ans. « Nous avions l’espoir que la guerre se termine, mais maintenant Dieu sait combien de temps » elle va durer, déplore ce père de cinq enfants.

Pays le plus pauvre de la péninsule arabique dévasté par la guerre, le Yémen connaît toutefois une accalmie fragile après une trêve négociée par l’ONU en 2022.  

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a déclaré que les frappes de samedi visaient « à dégrader davantage les capacités de la milice des houthis, soutenue par l’Iran, à mener ses attaques déstabilisatrices ».  

Tôt dimanche, les États-Unis ont annoncé avoir mené une nouvelle frappe contre un missile antinavire des houthis qui était « prêt à être lancé contre des navires en mer Rouge ».

« Inacceptable »

Ennemi juré des États-Unis, l’Iran a « fermement condamné » les frappes américano-britanniques, qui sont selon lui en « contradiction » avec leur souhait affirmé de « ne pas vouloir une extension du conflit » au Moyen-Orient.

Et le Hamas a dénoncé « une escalade qui entraînera la région dans davantage de troubles ».

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque meurtrière sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Les violences liées au conflit ont débordé au-delà de leurs frontières.  

Le 28 janvier, un drone a frappé une base en Jordanie, tuant trois soldats américains et blessant plus de 40, une attaque attribuée par Washington à des groupes pro-Iran.  

Les États-Unis ont répliqué vendredi par des frappes contre des cibles liées à l’Iran en Irak et en Syrie, mais n’ont pas frappé le territoire iranien.

À la demande de la Russie, qui a accusé Washington de « semer le chaos » au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence lundi.