La bande de Gaza a de nouveau été privée de service cellulaire et internet dimanche à la suite d’intenses bombardements, au moment où l’armée israélienne annonçait être prête à entrer en force dans l’enclave dans les 48 heures.

Ce qu’il faut savoir

Des combats acharnés ont de nouveau opposé dimanche les soldats israéliens au Hamas dans la bande de Gaza, où l’armée poursuit sa progression.

Les lignes téléphoniques et l’internet à Gaza ont été coupées par Israël, pour la troisième fois depuis le 7 octobre, selon l’opérateur palestinien Paltel.

La guerre a fait plus de 11 000 morts depuis le 7 octobre, au moins 9770 à Gaza et plus de 1400 en Israël.

L’armée israélienne progresse dans la bande de Gaza

Déjà, l’enclave a été coupée en deux dans le cadre d’opérations terrestres de l’armée israélienne, a indiqué un de ses porte-parole, dimanche. « Nous permettons encore un passage pour les civils du nord de la bande de Gaza et de la ville de Gaza vers le sud », a-t-il précisé, alors que de 300 000 à 400 000 personnes se trouveraient encore dans le nord du territoire, où la situation humanitaire est jugée catastrophique. Des images diffusées dans la journée par l’armée ont montré des soldats, accompagnés de chars et de bulldozers, patrouillant dans les décombres ou le long du littoral méditerranéen de la bande de Gaza. Au moins 30 soldats israéliens ont été tués depuis le début de cette offensive terrestre, toujours selon l’armée.

« La situation est très effrayante »

PHOTO MAHMUD HAMS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une frappe israélienne dans le camp de réfugiés d’Al-Maghazi, à Deir al-Balah, a fait d’importants dégâts.

Pendant ce temps, la population palestinienne continue d’endurer les affres de la guerre : pas moins de 1,5 million de Gazaouis ont maintenant dû quitter leur domicile sur une population d’environ 2 millions d’habitants. « La situation est très difficile. Il n’y a pas de pain, pas d’eau, rien, même pas d’eau salée. On a vu des cadavres [sur la route], les enfants avaient très peur. La situation était très effrayante », a raconté Zakaria Akel, qui fuyait avec sa famille vers le sud de la bande de Gaza. Une cinquantaine de sites gérés par l’ONU ont été endommagés dans l’enclave depuis le 7 octobre, a indiqué l’agence dans une mise à jour publiée dimanche. Maigre soulagement, le roi de Jordanie, Abdallah II, a annoncé tôt lundi matin le largage d’une aide médicale d’urgence à Gaza initialement destinée à un hôpital de campagne jordanien.

Blinken en Cisjordanie

PHOTO JONATHAN ERNST, AGENCE FRANCE-PRESSE

Antony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis, lors de son arrivée à Ramallah, où il s’est entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas

De passage à Ramallah, en Cisjordanie, dimanche, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a mis en garde contre le « déplacement forcé » des civils palestiniens dans la bande de Gaza. Il a aussi réclamé l’arrêt « des violences des extrémistes » dans l’autre enclave palestinienne qu’il visitait et où plus de 150 habitants ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l’Autorité palestinienne. Son président, Mahmoud Abbas, a dénoncé « la guerre de génocide » menée selon lui par Israël à Gaza. Enchaînant les déplacements dans la région, Antony Blinken a également discuté à Chypre de la création « d’un couloir maritime », proposé par l’île de la Méditerranée orientale afin de fournir une aide humanitaire au territoire palestinien. Dans une rare sortie commune, les directeurs des principales agences de l’ONU ont exprimé leur indignation face au bilan des victimes civiles à Gaza et réclamé un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Une évacuation de masse vers l’Égypte proposée

PHOTO SAID KHATIB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le soleil se couche sur Rafah, dont le poste frontière permet à des Gazaouis d’évacuer vers l’Égypte.

Israël a discrètement tenté, ces dernières semaines, d’obtenir un soutien international pour le transfert de plusieurs centaines de milliers de civils de la bande de Gaza vers l’Égypte, le temps de compléter son offensive dans l’enclave, selon ce qu’a rapporté le New York Times, citant six diplomates étrangers de haut rang. L’idée a été rejetée par presque tous les interlocuteurs de l’État hébreu, rapporte le quotidien, en raison des craintes qu’un tel déplacement massif devienne permanent. L’apparition de camps de réfugiés pourrait notamment déstabiliser l’Égypte, selon les diplomates, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat. L’idée a également été fermement rejetée par les Palestiniens, qui craignent qu’Israël n’utilise la guerre pour déplacer de façon permanente les plus de deux millions de personnes vivant dans la bande de Gaza.

Un ultranationaliste israélien sanctionné

Un ministre ultranationaliste israélien a été sanctionné dimanche par le chef du gouvernement, Benyamin Nétanyahou, après avoir affirmé qu’un recours à la bombe nucléaire dans la bande de Gaza, dans la guerre contre le Hamas palestinien, était « une option ». Le ministre de l’Héritage, Amichay Eliyahu, a affirmé dans une interview à une radio qu’il n’était pas entièrement satisfait de l’ampleur des représailles israéliennes dans le territoire palestinien après l’attaque meurtrière menée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre. Le bureau du premier ministre Benyamin Nétanyahou a promptement réagi en dénonçant des déclarations « déconnectées de la réalité » et ajoutant que l’armée israélienne s’efforçait d’épargner « les non-combattants » à Gaza.

Avec La Presse Canadienne, l’Agence France-Presse, The New York Times, The Guardian, Haaretz