Un cessez-le-feu ne ferait que « maintenir le Hamas en place », a craint le chef de la diplomatie américaine tandis que les frappes israéliennes s’abattaient sur la bande de Gaza

Ce qu’il faut savoir

En visite en Jordanie, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a une fois de plus pris position contre un cessez-le-feu de l’opération militaire israélienne, comme le réclament les pays arabes.

« Personne n’est en sécurité » dans la bande de Gaza, s’est alarmé le secrétaire général des Nations unies, António Guterres.

Une frappe sur un camp de réfugiés a fait 30 morts, portant le bilan à 9500 morts du côté palestinien depuis le 7 octobre.

Un cessez-le-feu de l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza laisserait le champ libre au Hamas, qui pourrait en profiter pour se regrouper et mener de nouvelles attaques contre Israël.

C’est ce qu’a fait valoir le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en visite en Jordanie, samedi, alors que s’amorce la cinquième semaine d’une guerre qui a fait jusqu’à présent 9500 morts dans la bande de Gaza.

Il s’exprimait aux côtés de ses homologues égyptien et jordanien à l’issue d’une réunion à Amman, durant laquelle les États-Unis ne se sont pas entendus sur la question d’un cessez-le-feu avec les pays arabes, qui le réclament.

Washington a plutôt plaidé en faveur de « pauses humanitaires » permettant d’acheminer de l’aide dans la bande de Gaza et d’évacuer les ressortissants étrangers.

Une demande déjà rejetée par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui n’accordera aucune trêve temporaire sans la libération des otages détenus par le Hamas.

Or, le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi que le bombardement intensif de la bande de Gaza compliquait ses efforts de médiation pour la libération des otages.

PHOTO ANAS AL-SHAREEF, REUTERS

Palestiniens devant les décombres d’une maison détruite par une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza

La branche armée du Hamas a soutenu que plus de 60 otages étaient « portés disparus » en raison des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza.

« Personne n’est en sécurité »

Outre les combats au sol, les frappes aériennes israéliennes contre le territoire palestinien n’ont pas diminué.

« Personne n’est en sécurité », a tonné le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, samedi, quelques heures avant le bombardement israélien d’un camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza.

PHOTO MAHMUD HAMS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens fouillent les décombres d’un immeuble détruit par une frappe israélienne, à Khan Younès.

Plus de 30 personnes ont été tuées et une centaine d’autres ont été blessées dans la frappe, a annoncé le ministère de la Santé du Hamas.

D’après le plus récent bilan officiel, près de 9500 personnes, dont 3900 enfants, ont été tuées dans des frappes israéliennes depuis l’attaque sanglante du Hamas contre Israël.

PHOTO TAMIR KALIFA, THE NEW YORK TIMES

Immeubles détruits du nord de la bande de Gaza

Selon le gouvernement palestinien, une frappe aérienne israélienne a également fait 15 morts samedi dans une école de l’ONU où s’abritaient des déplacés palestiniens du camp de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza.

« Les bombes tombaient sur nous. Les gens étaient coupés en morceaux. Ils sont tous morts, ils ont tous été blessés », a raconté une réfugiée palestinienne, Sajda Maarouf, à l’Agence France-Presse.

Après l’évacuation ces derniers jours vers l’Égypte de plusieurs centaines d’étrangers par le point de passage de Rafah, le gouvernement du Hamas a suspendu les évacuations des ressortissants, a rapporté samedi soir l’Agence France-Presse.

PHOTO TAMIR KALIFA, THE NEW YORK TIMES

Soldats israéliens massés à Sdérot, près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d’Israël

« Aucun titulaire de passeport étranger ne pourra partir avant que les blessés qui doivent être évacués des hôpitaux du nord de la bande de Gaza ne puissent être transportés vers le terminal de Rafah », a indiqué un responsable de l’administration du point de passage sous couvert de l’anonymat.

Tsahal « éliminera » le chef du Hamas

L’encerclement de la bande de Gaza par l’armée israélienne est achevé, a déclaré samedi le ministre de la Défense d’Israël, Yoav Gallant, ajoutant que les troupes avaient pénétré à l’intérieur de « zones résidentielles ».

En conférence de presse, il a assuré que Tsahal « trouvera » le chef du Hamas et « l’éliminera ».

« J’en appelle aux résidants de la bande de Gaza : plus vite vous le trouverez vous-mêmes, plus vite on en finira avec la guerre », a-t-il poursuivi.

Attaques à la frontière israélo-libanaise

Sur un autre front, l’armée israélienne a déclaré samedi avoir répliqué à une attaque antérieure du Hezbollah avec des frappes aériennes et des tirs d’artillerie.

PHOTO AMIR COHEN, REUTERS

Le bouclier antimissile israélien intercepte des roquettes tirées depuis la bande de Gaza, à Ashkelon.

Le mouvement libanais a affirmé avoir mené des attaques simultanées contre des positions israéliennes le long de la frontière israélo-libanaise.

La veille, le chef du Hezbollah avait laissé planer la menace d’une « guerre totale » lors d’une première apparition télévisée depuis le début de la guerre.

Selon un décompte de l’Agence France-Presse, 72 personnes ont péri du côté libanais, dont 54 combattants du Hezbollah, depuis le 7 octobre.

Avec The Guardian, l’Agence France-Presse, Le Monde et Reuters