(Nicosie) Plus de 40 organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé lundi la répression meurtrière en Iran contre les manifestations en cours depuis la mort de Mahsa Amini, il y a un mois, et ont appelé l’ONU à enquêter d’urgence.

Des ONG internationales, dont Amnistie internationale et Human Rights Watch (HRW), et des groupes iraniens basés à l’étranger, parmi lesquels l’Iran Human Rights (IHR, à Oslo), Hengaw (Norvège) et le Centre pour les droits de l’Homme en Iran (CHRI, New York), figurent parmi les signataires de l’appel.

Les ONG ont exprimé « leurs vives préoccupations » face à « la machine de répression déployée par les autorités iraniennes pour sévir » contre le mouvement de contestation.

Les manifestations ont été déclenchées le 16 septembre par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans morte trois jours après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.

Selon l’ONG IHR, 122 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations.  

Les ONG signataires affirment détenir des preuves montrant que les forces de sécurité iraniennes ont « délibérément fait usage de tirs à balles réelles et de billes de plomb contre des manifestants, y compris des enfants ».

Le 14 octobre, Amnistie a déploré la mort d’au moins 23 enfants « tués par les forces de sécurité iraniennes ».

Les groupes ont appelé le Conseil des droits de l’homme de l’ONU « à agir d’urgence en tenant une séance extraordinaire et […] mettre en place un mécanisme indépendant d’enquête » pour « traiter les crimes les plus graves au regard du droit international et autres violations des droits de l’homme ».   

« Sans une action collective de la part de la communauté internationale […] d’innombrables hommes, femmes et enfants risquent d’être tués, torturés ou arrêtés et les éléments de preuves faisant état de crimes graves risquent de disparaître », écrivent les ONG.  

Des enfants abattus, torturés

À Genève, un porte-parole du Conseil des droits de l’homme, Rolando Gomez, a indiqué ne pas avoir reçu « une demande spécifique pour la tenue d’une séance extraordinaire sur l’Iran ».  

« Pour qu’une telle séance ait lieu, une demande officielle doit être soumise par des États et elle doit être appuyée par le tiers des 47 pays membres. »

Dans un communiqué publié lundi soir, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a appelé l’Iran à mettre fin aux « graves violations » dont sont victimes les enfants dans la répression du mouvement de contestation dans le pays.

Les « graves violations des droits de l’enfant en Iran doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies menées par des autorités compétentes, indépendantes et impartiales », a indiqué le comité.

Citant des informations fiables, le comité indique que certains enfants ont été abattus avec des balles réelles, tandis que d’autres sont morts après avoir été passés à tabac.

Le comité est aussi profondément préoccupé par les informations selon lesquelles des enfants ont été arrêtés dans des écoles, détenus avec des adultes et torturés.