(Paris) Un important incendie s’est déclaré samedi soir dans la prison d’Evine, dans le nord de Téhéran, et des coups de feu ont été entendus, a rapporté l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, sur fond de manifestations après la mort de Mahsa Amini. La « situation est sous contrôle », a rapporté l’agence de presse officielle Irna.

Des images partagées par IHR sur Twitter montre d’immenses flammes et une épaisse fumée se dégager de la prison, où sont détenus des prisonniers d’opinion, alors que des coups de feu sont entendus.

« Des troubles et des affrontements ont été observés samedi soir », a indiqué un haut responsable de sécurité cité par Irna, précisant que des « émeutiers » avaient provoqué un incendie. « En ce moment, la situation est complètement sous contrôle et le calme est revenu dans la prison », a-t-il ajouté.

« Les voyous ont mis le feu à un entrepôt de vêtements à l’intérieur de la prison d’Evine, ce qui a provoqué un incendie », a dit ce haut responsable, affirmant que des heurts ont opposé des « émeutiers » à des employés de la prison.

Le site internet du ministère de la Justice, Mizan Online, indique de son côté que l’incendie a éclaté « à la suite d’un conflit entre plusieurs détenus ayant des condamnations financières et des vols ».

« Le feu a été éteint », a ajouté le site juridique.

« Un incendie se propage dans la prison d’Evine » et « une explosion a retenti à l’intérieur », a pour sa part indiqué sur Twitter le média en ligne 1500tasvir, qui recense les violations des droits humains.

Des slogans appelant à la « mort du dictateur » pouvaient être entendus en fond sonore sur une vidéo diffusée par 1500tasvir.

Il s’agit de l’un des slogans les plus répétés lors des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini il y a un mois. Cette Kurde iranienne de 22 ans est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran pour avoir, selon la police des mœurs, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.

L’ONG IHR a fait état d’au moins 108 morts depuis le 16 septembre. Selon un dernier bilan iranien donné le 27 septembre, environ 60 personnes ont été tuées, dont une dizaine de policiers.  

D’après l’ONG Human Rights Activists News Agency (HRANA), basée aux États-Unis, plus de 5500 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations, parmi lesquelles plusieurs centaines ont été incarcérées dans la prison d’Evine.

En août 2021, un groupe de pirates informatiques avait mis en ligne des vidéos montrant des gardiens de la prison d’Evine, en train de battre ou de maltraiter des détenus.

Le chef de l’Organisation pénitentiaires du pays Mohammad-Mehdi Hadj-Mohammadi avait reconnu des « comportements inacceptables » dans ses services après la publication de ces vidéos.

L’Iran se défend régulièrement contre des rapports de l’ONU ou d’organisations internationales de défense des droits de l’Homme critiquant son administration pénitentiaire pour de mauvais traitements infligés à des prisonniers.