(Gaza) Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a exécuté dimanche matin pour la première fois depuis 2017 cinq Palestiniens, dont deux pour « collaboration » avec Israël.

« Dimanche matin, la peine de mort été appliquée contre deux condamnés pour collaboration avec l’occupation et trois autres dans des affaires pénales », a annoncé dans un communiqué le mouvement armé qui contrôle le territoire palestinien depuis 2007.

Le ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza a indiqué les lieux et années de naissance des condamnés, mais a seulement fourni leurs initiales.

Les deux personnes exécutées pour « collaboration » avec Israël sont deux hommes nés en 1968 et 1978.

Le plus âgé a été « pendu ». Selon le Hamas, il avait été condamné par la justice locale pour avoir fourni à partir de 1991 à Israël des « informations sur des membres de la résistance […] et sur l’emplacement de site de fabrication et de lancements de roquettes ».

Le second a été « fusillé ». Il avait été condamné pour avoir fourni à Israël à partir de 2001 des « renseignements » ayant « conduit au ciblage et au martyre [mort] de citoyens » par les forces israéliennes, a poursuivi le Hamas. Les personnes qui auraient été abattues après cette éventuelle fuite d’informations n’ont pas été nommées.

Les trois autres personnes exécutées avaient été condamnées pour meurtre, a conclu le ministère de l’Intérieur du Hamas dans son communiqué.

 « Pratique barbare »

Le Centre palestinien pour les droits humains à Gaza a déclaré que ces exécutions « étaient en violation des obligations internationales » et exigé que « les autorités de Gaza cessent d’utiliser la peine de mort et la remplacent par la perpétuité ».

Le représentant de l’Union européenne dans des territoires palestiniens, Sven Kuehn von Burgsdorff, a indiqué que le Hamas devait « respecter les obligations palestiniennes en vertu des principes du droit international », faisant référence au « moratoire sur la peine de mort » de l’Autorité palestinienne.

Pour Omar Shakir, directeur pour Israël et les Territoires palestiniens de l’ONG Human Rights Watch, ces exécutions sont « odieuses ».

 « La peine de mort infligée par un gouvernement est une pratique barbare qui n’a pas sa place dans le monde moderne », a-t-il affirmé sur Twitter.

Les dernières exécutions connues remontent à mai 2017, quand trois Palestiniens avaient été exécutés en public pour avoir participé au meurtre d’un commandant du Hamas, Mazen Faqha, « pour le compte d’Israël ».

Depuis, les autorités à Gaza ont condamné à mort plusieurs personnes pour différents crimes ou « collaboration » avec Israël, sans appliquer la peine.

Le Hamas justifie les exécutions en se fondant sur le Code révolutionnaire de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Le Hamas n’est pourtant pas membre de l’OLP, dont le code révolutionnaire n’est plus conforme sur cette question à la Loi fondamentale palestinienne de 2003. Et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas avait adhéré en 2019 au traité des Nations unies pour abolir la peine capitale.

Depuis des combats en 2007 entre le Hamas et le mouvement Fatah de Mahmoud Abbas, les Territoires palestiniens sont divisés politiquement.

L’Autorité palestinienne de M. Abbas qui siège en Cisjordanie occupée, où vivent 2,9 millions de Palestiniens, n’a pas de contrôle sur la bande de Gaza, enclave de 2,3 millions d’habitants entre les mains du Hamas et sous strict blocus israélien depuis 15 ans.