(Gaza) L’escalade de la violence dans la bande de Gaza, où 31 Palestiniens dont six enfants ont péri, se poursuit dimanche sans signe de répit dans cette confrontation entre le groupe Djihad islamique et Israël, la plus grave depuis une guerre éclair l’an dernier.

Le Djihad islamique a affirmé avoir tiré des roquettes vers Jérusalem pour la première fois depuis le début des hostilités vendredi. Comme 97 % des 585 projectiles lancés depuis Gaza, elles ont été interceptées par le bouclier antimissile israélien, d’après l’armée.

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Le système de défense aérienne israélien Iron Dome lance un missile pour intercepter les roquettes tirées depuis la bande de Gaza.

L’État hébreu, qui dit avoir lancé une « attaque préventive » visant le Djihad islamique, a affirmé avoir tué des combattants et « neutralisé » les chefs de l’organisation, considérée comme terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

Les principaux chefs militaires du mouvement à Gaza, Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour, ont été tués, selon l’armée, une annonce confirmée par le Djihad islamique.

Selon le ministère de la Santé à Gaza, 31 personnes dont six enfants sont mortes et 275 ont été blessées en deux jours dans l’enclave sous blocus israélien.

Les autorités israéliennes contredisent ce bilan et assurent que des enfants palestiniens ont été tués samedi par un tir de roquette raté du Djihad islamique vers Israël.

« Incontrôlable »

Des sirènes d’alerte ont retenti en matinée dans le secteur de Jérusalem, selon l’armée israélienne, tandis que des journalistes de l’AFP ont entendu de brèves explosions au loin.

Ces tirs surviennent alors que des centaines d’Israéliens sont rassemblés dans la Vieille Ville à l’occasion d’une fête juive, faisant craindre des violences alors que des nationalistes se rendent sur l’esplanade des Mosquées, aussi appelée mont du Temple. Cette partie est située à Jérusalem-Est, secteur occupé et annexé par Israël.

Le Hamas, mouvement islamiste qui gouverne Gaza depuis 2007, a alerté dans un communiqué contre ces « incursions » israéliennes pouvant mener à une situation « incontrôlable ».

« La résistance » est « unie dans la bataille » contre Israël, a assuré Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas, groupe ayant livré plusieurs guerres à l’État hébreu mais qui n’a pas jusqu’ici pris part à la confrontation armée.

Celle-ci est la pire entre Israël et des organisations armées de Gaza depuis la guerre de mai 2021 qui avait fait en onze jours 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et 14 morts en Israël, dont un soldat, d’après les autorités locales.

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Des Palestiniens récupèrent des biens des décombres de leur maison, à Gaza.

« Chaque jour nous nous réveillons avec des martyrs, des enfants et des femmes », s’est désolé Abou Mahmoud al-Madhoun, 56 ans, dans la ville de Gaza. « À chaque instant un appartement ou une maison sont détruits, des gens sont tués, blessés ou déplacés ».

Le premier ministre israélien Yaïr Lapid a affirmé que l’opération à Gaza continuerait « aussi longtemps que nécessaire », qualifiant la frappe ayant tué Khaled Mansour de « résultat extraordinaire ».

Cette frappe à Rafah (Sud) a fait huit morts, selon le ministère de l’Intérieur de Gaza. En tout, neuf immeubles résidentiels ont été détruits dans des raids israéliens, selon le gouvernement du Hamas.

En Israël, deux personnes ont été légèrement blessées par des tirs de roquettes, selon les secouristes.

Besoins « urgents »

L’arrestation, lundi dernier, d’un chef du Djihad islamique en Cisjordanie a mené à ces nouvelles violences. Les autorités israéliennes ont justifié leurs premières frappes par leurs craintes de représailles en provenance de Gaza, où l’organisation est bien implantée.

Quelque 40 membres du groupe ont été arrêtés ces deux derniers jours en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’État hébreu depuis 1967.

L’Égypte, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s’efforce d’établir une médiation. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé travailler « sans relâche » pour ramener le calme, mais les échanges de tirs se poursuivent dimanche après-midi et les habitants restent cloitrés chez eux, d’après des journalistes de l’AFP à Gaza.

L’unique centrale électrique de l’enclave de 2,3 millions d’habitants a cessé de fonctionner faute de carburant, l’État hébreu ayant bouclé ces derniers jours les passages frontaliers avec Gaza, interrompant de fait les livraisons de diesel.

« La situation est très mauvaise », a témoigné auprès de l’AFP Mohammed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital Shifa à Gaza. « Nous avons urgemment besoin que les frontières ouvrent pour qu’entrent des médicaments, [du carburant] pour l’électricité ».

Israël impose depuis 2007 un strict blocus à Gaza, microterritoire miné par la pauvreté.

En 2019, la mort d’un commandant du Djihad islamique dans une opération israélienne avait donné lieu à plusieurs jours d’échanges de tirs meurtriers entre le groupe armé et Israël. Le Hamas s’était lui tenu à distance des affrontements.