(Doha) Des négociateurs des États-Unis et d’Iran doivent reprendre à partir de mardi à Doha des pourparlers indirects sur le dossier nucléaire iranien, après plusieurs mois de blocage.

L’émissaire américain pour l’Iran, Robert Malley, a abordé dans la matinée avec le chef de la diplomatie qatarie Mohammed ben Abderrahmane al-Thani « le partenariat fort entre les deux pays et les efforts communs sur le dossier iranien », selon un tweet de l’ambassade des États-Unis à Doha.

Le négociateur en chef iranien sur le nucléaire, Ali Bagheri, est lui arrivé dans la journée à Doha à la tête d’une délégation, selon l’agence officielle iranienne IRNA. Les discussions avec les États-Unis porteront sur « la levée des sanctions » économiques américaines asphyxiantes imposées à l’Iran, d’après Téhéran.

Les discussions entamées il y a plus d’un an à Vienne pour relancer l’accord nucléaire international de 2015 sont au point mort depuis mars, Américains et Iraniens s’accusant mutuellement du blocage.

Les pourparlers « irano-américains commencent aujourd’hui (mardi) via la médiation d’Enrique Mora », le coordinateur de l’Union européenne (UE) chargé de superviser les négociations sur le nucléaire, présent à Doha avec son équipe, a indiqué à Bruxelles Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

« Le temps n’est pas vraiment de notre côté. Il faut donc vraiment avancer très vite », a-t-il souligné.

Pays ennemis, l’Iran et les États-Unis n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980. Et le dossier nucléaire empoisonne de longue date les relations de l’Iran avec la communauté internationale.

En 2018, les États-Unis de Donald Trump se sont retirés unilatéralement de l’accord international de 2015 prévoyant des limitations au programme nucléaire iranien et ont rétabli ensuite les sanctions économiques américaines contre l’Iran. En riposte les Iraniens ont commencé à s’affranchir de leurs engagements dictés par ce pacte appelé JCPOA.

« Une première étape »

Conclu par l’Iran d’une part, la Russie, les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne de l’autre, le JCPOA vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran, accusé de chercher à se doter de l’arme atomique malgré ses démentis, en échange d’une levée progressive des sanctions internationales.

En avril 2021, des négociations ont été lancées à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances pour réintégrer les États-Unis au pacte et ramener l’Iran au respect intégral de ses engagements dictés par le JCPOA.

Les négociations de Vienne sont suspendues depuis trois mois.

Au Qatar, les négociations reprendront seulement entre les États-Unis et l’Iran. Comme à Vienne, les deux délégations seront installées dans des salles séparées et l’UE assurera la médiation.

Les discussions de Doha sont « une première étape » et « on attend de voir le résultat. Nous espérons qu’il sera ensuite possible pour (l’ensemble des) participants de reprendre les négociations très vite à Vienne » pour relancer le pacte de 2015, a indiqué M. Stano.

« Demandes supplémentaires »

Le Qatar entretient de meilleures relations avec Téhéran que la plupart de ses voisins arabes du Golfe, et a joué le médiateur dans plusieurs dossiers internationaux.

L’administration américaine de Joe Biden a dit vouloir revenir dans l’accord de 2015, à condition que Téhéran renoue avec ses engagements, mais l’Iran exige auparavant la levée des sanctions et des garanties que Washington ne se retirera plus du JCPOA.

L’Iran a également demandé le retrait de l’armée idéologique du régime, les Gardiens de la Révolution, de la liste américaine des « organisations terroristes ».

« Nous sommes reconnaissants envers nos partenaires de l’UE, qui continuent de transmettre les messages et travaillent pour faire avancer ces négociations », a dit la diplomatie américaine. « Nous sommes prêts à conclure » mais « pour cela, l’Iran doit décider d’abandonner ses demandes supplémentaires qui vont au-delà du JCPOA ».

La relance des pourparlers irano-américains a été annoncée à l’occasion d’une visite surprise à Téhéran de Josep Borrell pour qui l’un des obstacles majeurs aux négociations est l’inimitié entre l’Iran et les États-Unis.