(Bagdad) L’Irak, qui n’a toujours pas adopté son budget pour 2022, s’est doté mercredi d’une loi de financement d’urgence lui permettant de régler les arriérés réclamés par l’Iran pour solder sa dette sur le gaz, et d’assurer la sécurité alimentaire.

Alors que l’Irak entre de plain-pied dans un été caniculaire où les températures frôlent les 50 degrés, Bagdad veut assurer le fonctionnement de ses centrales et éviter une réduction des importations de gaz, souvent suspendues par l’influent voisin iranien.  

Bagdad aurait dû payer à Téhéran 1,6 milliard de dollars (1,88 milliard de dollars) d’arriérés avant début juin, une somme de 2020 jamais réglée à ce jour en raison des sanctions américaines à l’encontre de l’Iran qui retardent considérablement les procédures de paiement.

Mercredi, les députés irakiens ont adopté une loi de financement d’urgence portant sur « la sécurité alimentaire et le développement », d’un total de 25 trillions de dinars (environ 21 milliards de dollars).  

Quatre trillions de dinars (environ 3,4 milliards de dollars) seront affectés au règlement des dettes de gaz et d’électricité de l’Irak et à l’achat d’énergie à l’étranger. En outre, 5,5 trillions de dinars (environ 4,3 milliards de dollars) serviront à acheter des céréales, dont une grande partie de blé, sur le marché intérieur et à l’étranger.

La loi doit encore être promulguée par le président de la République, Barham Saleh.

Les importations de gaz et d’électricité iraniens assurent près du tiers de la consommation de l’Irak, dont les infrastructures n’ont ni la capacité ni l’entretien nécessaires pour l’indépendance énergétique de ses 41 millions d’habitants, malgré d’immenses réserves en hydrocarbures.

En raison des arriérés non payés, l’Iran a fortement réduit ses exportations de gaz ces derniers jours, limitant d’autant la production électrique et accentuant les délestages déjà conséquents dans tout l’Irak.

L’Iran a toutefois « promis de rétablir la fourniture de nos besoins en gaz dans les prochains jours », a assuré le premier ministre Moustafa al-Kazimi mardi.

En raison des sanctions américaines, Bagdad ne peut pas payer ses importations en espèces : l’argent doit être utilisé par Téhéran pour acheter des biens issus des secteurs agroalimentaire ou pharmaceutique et le processus est toujours très ardu.

La loi adoptée mercredi a dû être soumise aux parlementaires en urgence, car l’Irak n’a toujours pas adopté de budget pour 2022.  

Depuis les législatives d’octobre 2021, les deux pôles du chiisme politique – le courant de Moqtada Sadr et la coalition pro-Iran du Cadre de coordination – revendiquent chacun la majorité au Parlement et le droit de nommer le premier ministre.