(Jérusalem) L’armée israélienne a mené tôt mardi des premières frappes aériennes depuis des mois sur la bande de Gaza, en représailles à un tir de roquette depuis cette enclave palestinienne, signe que les tensions locales ne donnent aucun signe d’apaisement après un week-end de violence sur les lieux saints à Jérusalem.

Lundi soir, les sirènes d’alarme ont retenti dans le sud d’Israël pour le premier tir de roquette depuis la bande de Gaza vers Israël depuis début janvier alors qu’un projectile s’était abîmé en mer au large de la métropole Tel-Aviv.

« Une roquette a été tirée à partir de la bande de Gaza sur le territoire israélien et a été interceptée par le système de défense Dôme de fer », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué.

Puis, tôt mardi, l’aviation israélienne a indiqué avoir bombardé un site d’armement du Hamas, mouvement islamiste armé au pouvoir dans la bande de Gaza, en représailles au tir de roquette depuis ce territoire.

Le Hamas a affirmé avoir utilisé sa « défense anti-aérienne » pour tenter de contrer ses frappes qui n’ont fait aucune victime, selon des témoins et des sources sécuritaires à Gaza.  

Le tir de roquette n’avait pas été revendiqué, mais il intervient après une série d’attaques en Israël, dont deux ont été perpétrées par des Palestiniens à Tel-Aviv, des opérations de « contreterrorisme » en Cisjordanie occupée, et un week-end de tension sur les lieux saints à Jérusalem.

Ces attaques ont fait 14 morts depuis le 22 mars en Israël. Et 23 Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués dans des incidents ou des opérations israéliennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’État hébreu.

Une Palestinienne de 18 ans, Hanan Khudur, est d’ailleurs morte lundi après avoir été blessée par balle par l’armée israélienne la semaine dernière dans le village de Faquaa, près de la ville de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes en Cisjordanie.

À Jérusalem, plus de 150 Palestiniens ont été blessés lors de heurts avec les forces israéliennes vendredi à l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam aussi considéré comme le premier lieu saint du judaïsme sous son nom de Mont du Temple.

Dimanche, des nouveaux accrochages avaient éclaté dans et autour de ce lieu saint que des juifs étaient allés visiter, ce qui a été considéré comme un affront par certains musulmans. Et des jeunes Palestiniens avaient été interpellés le jour même après avoir jeté des pierres sur des autocars de civils israéliens à proximité des lieux.  

Souvenir de mai 2021 ?

L’an dernier, des accrochages à Jérusalem pendant la même période de l’année avaient conduit le Hamas à lancer des salves de roquettes depuis Gaza vers Israël qui avait répliqué en bombardant ce territoire palestinien de 2,3 millions d’habitants, donnant lieu à une guerre meurtrière de 11 jours.

Des sources sécuritaires israéliennes et des analystes ont répété ces dernières semaines que le Hamas, qui a salué les attaques récentes en Israël, ne souhaitait pas une guerre cette année en invoquant principalement deux raisons.

Premièrement, les capacités militaires du mouvement ont été affectées par la guerre de mai 2021.  

Et deuxièmement parce qu’en cas de conflit, le nouveau gouvernement israélien risque de suspendre les milliers de permis de travail accordés ces derniers mois à des ouvriers de Gaza, territoire sous blocus plombé par un taux de chômage local avoisinant les 50 %.

Lundi, le Djihad islamique, principal groupe islamiste armé palestinien après le Hamas, mais qui contrairement à lui n’administre pas la bande de Gaza, a menacé d’une nouvelle escalade militaire.

« Nous ne pouvons plus rester silencieux sur ce qui se passe à Jérusalem et en Cisjordanie occupée », a déclaré dans un communiqué Ziad al-Nakhalé, le chef du Djihad islamique, dont le mouvement dispose selon le renseignement israélien de milliers de combattants et de roquettes à Gaza.

Israël vs Jordanie ?

Les incidents récents à l’esplanade des Mosquées ont par ailleurs un peu refroidi lundi les relations entre Israël et la Jordanie, qui a convoqué le chargé d’affaires israélien à Amman pour demander la fin des « violations israéliennes illégales et provocatrices » à l’esplanade des Mosquées.

La Jordanie, liée à Israël par un traité de paix depuis 1994, administre l’esplanade des Mosquées, où sont situés la mosquée al-Aqsa et le Dôme du Rocher, mais l’accès à ce lieu est contrôlé par Israël.

Cette convocation « nuit aux efforts pour ramener le calme à Jérusalem », a rétorqué le ministère israélien des Affaires étrangères.  

« Les déclarations accusant Israël de la violence qui est dirigée contre nous sont graves et inacceptables […] c’est une récompense pour ceux qui attisent la violence », a renchéri le premier ministre Naftali Bennett, à la tête d’une coalition réunissant entre autres la droite et un parti arabe et qui se trouve fragilisée par les récents évènements.

Le porte-parole du département d’État américain Ned Price a affirmé lundi soir que les États-Unis étaient « grandement préoccupés » par ces tensions et que Washington multipliait les contacts avec Israël, l’Autorité palestinienne et des pays arabes pour tenter de les juguler.