(Koweït) Des dizaines de manifestantes ont protesté lundi au Koweït après la suspension d’une retraite de yoga pour femmes jugée « indécente » et dénoncée par un parlementaire conservateur, une affaire qui avait fait scandale la semaine dernière dans cet État du Golfe.

L’organisatrice de l’évènement, Eman al-Husseinan, avait annoncé jeudi sa suspension faute de « permis » délivré par les autorités, au lendemain d’un tweet du député Hamdan al-Azmi qui avait fustigé une « affaire grave » contraire à la « société conservatrice » de ce pays musulman.

« Il ne s’agit pas de sport, même si c’est important. Le point essentiel est que si nous renonçons, nous allons assister à bien d’autres régressions », a déclaré à l’AFP Ibtihal al-Khatib, une professeure d’université présente dans le sit-in organisé devant le Parlement.

Dans cette société à la vie politique active contrairement aux autres pays du Golfe, les manifestantes ont brandi des banderoles explicites : « non à l’exploitation de la question des femmes », « pas de régime des fatwas » ou encore « non à la tutelle sur les femmes ».

Pour la militante des droits humains Hadeel Buqrais, le yoga est devenu un « symbole » en raison de « l’intrusion de ce député dans les libertés des personnes ».

« Ce que nous voulons faire comprendre au gouvernement et au Parlement, c’est que nous n’acceptons pas l’exploitation de la question des femmes et de leurs libertés à des fins politiques », a-t-elle dit à l’AFP.

« Nous exigeons le respect de nos droits et la justice pour les revendications des femmes, au lieu de la marginalisation et de l’exclusion », a insisté la militante féministe Louloua al-Moulla.

Dans une vidéo diffusée sur l’internet, la professeure de yoga Eman al-Husseinan avait dénoncé des « attaques violentes de la part des médias » qui avait présenté son évènement comme « indécent ».

Le député Hamdan al-Azmi avait lui exigé du ministre de l’Intérieur qu’il mette « rapidement un terme à ces pratiques étrangères à notre société conservatrice ».  

Comme les parlementaires, les femmes sont très impliquées dans la société civile. Mais si elles jouissent de libertés politiques, elles se battent régulièrement contre le conservatisme ambiant et les violences sexistes.

L’affaire du yoga intervient de surcroît quelques semaines après la décision du gouvernement de restreindre l’accès des femmes aux postes de combat dans l’armée, leur imposant de porter un voile et d’obtenir la permission d’un « tuteur » masculin.