(Bagdad) Trois roquettes sont tombées mardi près de la maison du président du Parlement irakien Mohammed al-Halboussi à l’ouest de Bagdad, blessant deux enfants, quelques heures après la validation de la réélection de ce responsable sunnite par la justice.

L’attaque intervient dans un contexte politique particulièrement chargé en Irak, où la violence le dispute aux invectives entre responsables, plus de trois mois après les législatives du 10 octobre qui ont consacré la victoire du turbulent, mais incontournable leader chiite Moqtada Sadr.

Attaques à la grenade

Ces derniers jours, plusieurs attaques à la grenade ont visé des partis — dont celui de M. Halboussi — qui pourraient faire équipe avec Moqtada Sadr pour former une coalition parlementaire et, éventuellement, doter l’Irak d’un premier ministre et d’un gouvernement.

Les anciens paramilitaires chiites du Hachd al-Chaabi, rivaux du courant de M. Sadr et alliés de l’Iran, avaient contesté les résultats des législatives, mécontents de leur revers électoral.

Les roquettes de type Katioucha sont tombées en soirée « à 500 mètres » du domicile de M. Halboussi dans la localité de Gourma dans la province d’Al-Anbar, à l’ouest de Bagdad, a indiqué à l’AFP un haut responsable des services de sécurité.

PHOTO FORCES DE SÉCURITÉ IRAKIENNES

L’armée irakienne avait montré le 5 août 2020 des roquettes Katioucha iraniennes saisies dans la région de Dora, au sud de Bagdad, Ce type de roquette est réputé peu précis.

L’attaque « visait » le président du Parlement, a-t-il précisé sous le couvert de l’anonymat, disant toutefois ignorer si M. Halboussi se trouvait chez lui au moment des tirs.

Deux enfants ont été blessés et « transférés à l’hôpital de Gourma », a précisé la police dans un communiqué.

L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat.

Mohammed al-Halboussi, 41 ans, est un influent responsable politique de la communauté sunnite, minoritaire en Irak. Il préside l’Assemblée monocamérale depuis 2018.

La Cour suprême a validé plus tôt mardi sa réélection, contestée par deux députés, lors de la session inaugurale du Parlement le 9 janvier.

Cette décision permet la reprise du processus politique. Car ni le chef de l’État, ni le premier ministre n’ont encore été choisis par les députés, dont c’est l’une des prérogatives.  

Les parlementaires ont jusqu’au 8 février pour élire le président de la République, poste qui revient à un Kurde, alors que le premier ministre doit être de la communauté chiite, majoritaire en Irak.

Bousculades et injures au Parlement

La période post-électorale a été marquée par des tractations très tendues pour former une coalition parlementaire à même de désigner un premier ministre et un gouvernement et des épisodes de violence armée.

La session inaugurale du Parlement, dont les élus Mahmoud al-Machhadani et Bassem Khachan demandaient l’annulation, a été le théâtre de bousculades et d’injures entre les deux camps chiites les plus importants.

Le courant du Moqtada Sadr et le Cadre de coordination, une agglomération de partis, dont certains sont pro-Iran, revendiquent chacun une majorité capable de désigner le premier ministre.  

Les députés du Cadre de coordination, jugeant que M. Halboussi est proche du camp de Sadr, avaient fini par quitter l’hémicycle et boycotter l’élection du président du Parlement.

Moqtada Sadr compte s’allier à deux partis sunnites, Taqadom (de M. Halboussi) et Azm, et au Parti démocratique du Kurdistan (PDK) pour former un « gouvernement de majorité ».