(Nations unies) Onze membres d’équipage sont retenus sur un bateau battant pavillon des Émirats arabes unis saisi la semaine dernière en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, affirme Abou Dabi dans une lettre adressée lundi au président du Conseil de sécurité de l’ONU.  

Sept d’entre eux sont Indiens et les autres sont des ressortissants d’Éthiopie, d’Indonésie, de la Birmanie et des Philippines, précise dans la lettre obtenue par l’AFP la représentante permanente des Émirats à l’ONU.  

La missive dénonce un « acte de piraterie » contre le bateau Rwabee, capturé le 3 janvier.  

La coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, qui intervient depuis 2015 au Yémen aux côtés du gouvernement contre les rebelles, a depuis prévenu qu’elle pourrait bombarder les ports tenus par les houthis si le navire n’est pas libéré, les accusant d’utiliser à des fins militaires les ports de Hodeida et Salif (ouest).

IMAGE TIRÉE DU SITE FLEETMONITOR.COM

Cette image montre le trajet du Rwabee à partir de son appareillage en Arabie saoudite dans le golfe Persique (en haut, au centre), jusqu’à la position où il aurait été arraisonné par les rebelles, au large de Hodeidah, en mer Rouge (en bas, à gauche).

« Cet acte de piraterie est contraire au droit international », souligne la lettre, signée par l’ambassadrice des Émirats à l’ONU, Lana Nusseibeh et datée du 9 janvier.

« Il présente une sérieuse menace à la liberté et la sécurité de la navigation ainsi qu’au commerce international en mer Rouge et à la sécurité et la stabilité régionale », poursuit-elle.  

Mme Nusseibeh décrit le Rwabee comme un « navire cargo civil » loué à l’Arabie saoudite qui transportait du matériel pour un hôpital de campagne, et naviguait sur une voie internationale.

Proches de l’Iran, grand rival des Saoudiens, les rebelles ont affirmé qu’il transportait du « matériel militaire » et diffusé des extraits vidéo montrant du prétendu matériel militaire à bord du navire.

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L’Arabie saoudite affirme que le Rwabee transportait du matériel médical destiné à un hôpital de campagne, mais les rebelles ont diffusé des extraits vidéo montrant ce qu’il décrivent comme du matériel militaire.

Toute attaque sur les ports aggraverait encore davantage la situation humanitaire au Yémen.

Les ports de Salif et Hodeida sont essentiels pour l’acheminement de l’aide humanitaire dont dépend 80 % de la population, confrontée à l’une des pires crises humanitaires au monde depuis le début de la guerre, qui a tué 377 000 personnes, victimes directes ou indirectes du conflit, depuis 2014.

La zone est par ailleurs une voie maritime commerciale importante, notamment pour le transport de l’or noir. Environ 1,5 million de barils de pétrole par jour transitent par la mer Rouge en provenance du Koweït, d’Oman et d’Arabie saoudite, selon S&P Global Platts.