(Téhéran) Dans une rare dispute publique entre un service de sécurité et l’armée iranienne, cette dernière a critiqué mardi le ministre des Renseignements.

L’armée en veut au ministre des Renseignements d’avoir indiqué qu’un militaire était impliqué dans l’assassinat du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh. L’armée affirme maintenant que le suspect avait été renvoyé de l’armée des années auparavant.

Le suspect était un stagiaire de l’armée en 2014, mais « avait été renvoyé la même année pour des questions morales et d’addiction », a affirmé le général des forces armées dans un communiqué publié par l’agence officielle IRNA.  

Une patate chaude

L’individu n’avait « jamais été recruté officiellement » et en tant que civil « relèverait de la compétence du ministère du Renseignement » en ce qui concerne sa surveillance, a-t-il précisé.

Le 27 novembre, le scientifique nucléaire de haut niveau Mohsen Fakhrizadeh se trouvait sur une autoroute à l’extérieur de Téhéran, accompagné d’un service de sécurité, lorsque son convoi a été visé par des tirs de mitrailleuses, selon les autorités iraniennes.

Le 8 février, le ministre des Renseignements, Mahmoud Alavi, a déclaré dans une interview à la télévision d’État qu’un membre des forces armées « avait mené les premiers préparatifs » du meurtre et qu’il n’était pas possible pour son ministère « de surveiller les forces armées ».

PHOTO ATTA KENARE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre des Renseignements, Mahmoud Alavi (à droite) en compagnie du ministre des Affaires étrangères de l’Iran, Mohammad Javad Zarif le 21 octobre 2019.

Dimanche, le ministre a été cité par l’agence de presse ISNA comme affirmant que le suspect était un « ex-membre des forces armées » et avait quitté le pays avant l’assassinat.

Crêpage de chignon

Les forces armées ont répondu attendre du ministre qu’il « soit plus prudent dans ses adresses aux médias » afin de ne pas servir les intérêts des ennemis de l’Iran et de protéger « la dignité des forces armées » et de son ministère.

Selon les autorités iraniennes, Fakhrizadeh était vice-ministre de la Défense et menait des travaux sur la « défense nucléaire ».

Les gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du pays, ont déclaré qu’une arme commandée par satellite et dotée d’une « intelligence artificielle » avait été utilisée dans l’attaque, que Téhéran a imputée à son principal ennemi, Israël.

L’État hébreu n’a pas répondu à cette accusation, mais son premier ministre Benyamin Nétanyahou avait déclaré en 2018 que Fakhrizadeh dirigeait un programme secret d’armes nucléaires, dont l’Iran a nié à plusieurs reprises l’existence.