(Bagdad) Le ministre irakien de l’Intérieur a limogé vendredi le chef de la police dans la province de Babylone et plusieurs officiers ont été interpellés, au lendemain d’une opération aux circonstances encore troubles qui a entraîné la mort de 20 personnes d’une même famille.

Le drame s’est déroulé jeudi dans le village d’al-Rachayed, dans la province centrale de Babylone, quand des unités des forces d’intervention rapide (forces spéciales) et des renseignements intérieurs ont voulu prendre d’assaut une maison.

Dans un premier communiqué succinct, les forces de sécurité ont indiqué avoir « poursuivi deux individus accusés de terrorisme » qui une fois encerclés ont « fait feu sans discernement » sur elles. Le texte a annoncé « l’ouverture d’une enquête après la découverte d’un certain nombre de cadavres de citoyens dans une maison ».

L’agence de presse étatique INA évoque elle un bilan de 20 civils tués, précisant qu’ils sont de la même famille et que le propriétaire des lieux a « ouvert le feu » et « refusé de se rendre ».

Vendredi, le ministre de l’Intérieur Othmane al-Ghanemi, en déplacement à al-Rachayed, a « limogé le commandant de la police de la province après l’incident survenu hier et qui a entraîné la mort d’un certain nombre de victimes ».

Le ministre a également réclamé la formation d’une commission pour enquêter spécifiquement « sur l’unité qui a effectué l’opération ».

Un autre communiqué des forces de sécurité rapporte des interpellations visant « un certain nombre d’officiers et d’individus » en lien avec cette affaire, sans fournir de détails sur leur identité.

Le général Saad Maan, responsable de la communication du ministère de l’Intérieur, a posté une vidéo sur Twitter depuis les lieux du drame. On y voit une maison à la façade noircie, portes et fenêtres éventrées.

Dénonçant un « crime à tous les niveaux » sans toutefois pointer du doigt un coupable, le général Maan a assuré que l’enquête se poursuivait pour « connaître toutes les circonstances de l’incident ».

Jeudi soir, peu après la médiatisation de cette affaire, des sources de sécurité et des médias locaux ont évoqué la présence d’un suspect qui aurait des liens avec les djihadistes du groupe État islamique ou avec des trafics de drogue.