(Ankara) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé son refus d’élever le niveau des taux directeurs, et ce malgré la nouvelle dégringolade de la livre turque mardi, lors d’une interview télévisée sur la chaîne publique turque.

« Avec le nouveau modèle économique, nous rejetons d’un revers de main la politique d’attirer des capitaux fébriles avec les taux d’intérêt élévés. Nous soutiendrons la production et les exportations avec la baisse des taux », a affirmé le chef de l’État turc.

La livre turque a effectué un nouveau plongeon historique mardi, perdant près de 6 % de sa valeur en une journée par rapport au dollar et à l’euro, dépassant les 15 livres pour le billet européen, un niveau encore jamais atteint.

La livre turque s’échangeait à 13,69 livres pour un dollar et à 15,51 livres pour un euro mardi à 16 h 05 HNE.

La dégringolade de la livre semble également avoir été affectée mardi soir par les craintes de voir la Réserve fédérale américaine de resserrer sa politique monétaire plus tôt que prévu.

La nouvelle du remplacement du chef du département des marchés de la Banque centrale, rapportée par les médias locaux, aurait aussi, selon des experts, contribué à accélérer cette tendance.

Déjà en chute avant l’interview du président, la livre turque a continué à perdre sa valeur pendant son intervention.

La monnaie turque avait dévissé la semaine dernière, perdant 13 % de sa valeur en quelques heures face au dollar, une chute en partie causée par une série d’abaissements des taux directeurs décidés par le président turc.

À rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux élevés favorisent l’inflation.

Conformément au souhait du président, la Banque centrale turque — officiellement indépendante — a ainsi abaissé de nouveau son taux directeur en novembre (de 16 à 15 %) pour la troisième fois en moins de deux mois, alors que l’inflation frôle les 20 % sur un an, soit un taux quatre fois supérieur à l’objectif initial du gouvernement.

Le taux de l’inflation pour novembre, qui sera annoncé vendredi, pourrait être supérieur à 20 %, selon certains experts.

La livre a perdu plus de 40 % de sa valeur face au dollar depuis le début de l’année.