(Bagdad) Des centaines de partisans de factions irakiennes pro-Iran ont participé samedi à une nouvelle manifestation pour protester contre les résultats des législatives près de la Zone verte à Bagdad, au lendemain de violences qui ont fait au moins un mort.

Cet accès de fièvre survient au moment où les partis mènent des tractations en vue de former des coalitions parlementaires sur la base des résultats préliminaires du scrutin du 10 octobre.

L’Alliance de la conquête, vitrine politique du Hachd al-Chaabi, une influente coalition d’anciens paramilitaires pro-Iran, a vu son nombre de sièges fondre à l’issue du vote et dénonce une « fraude massive ».  

Dans une ambiance calme, les partisans du Hachd al-Chaabi se sont tenus face à l’une des quatre entrées de la Zone verte, secteur ultra-protégé qui abrite des bâtiments gouvernementaux et l’ambassade des États-Unis, ennemi juré de l’Iran.

PHOTO AHMAD AL-RUBAYE, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Non à l’Amérique », « Non à la fraude », ont scandé des manifestants qui étaient encadrés par des forces de l’ordre déployées en nombre, selon des journalistes de l’AFP sur place.

D’autres ont brûlé des portraits du premier ministre Moustafa Al-Kazimi, l’accusant d’être un « criminel ».

Des tentes et des équipements sanitaires ont été installés sur une pelouse face à l’entrée de la Zone verte, dans l’intention d’entamer un nouveau sit-in.

Des centaines de manifestants organisent depuis le 19 octobre un sit-in près d’une autre entrée de la Zone verte.

Vendredi, les manifestants pro-Hachd ont d’abord bloqué trois accès à la Zone verte, puis ont affronté les forces de l’ordre.

D’après une source au sein des forces de l’ordre, un manifestant « a été touché par des tirs et est mort à l’hôpital » et plus de 100 personnes ont été blessées.

Un responsable des Brigades du Hezbollah, faction membre du Hachd al-Chaabi, a, lui, affirmé samedi sous le couvert de l’anonymat que deux manifestants avaient été tués la veille.

D’après le politologue irakien Ihsan al-Shamari, l’escalade des tensions lancée par les partisans du Hachd consiste « en une stratégie de la corde raide pour obtenir davantage de gains » à l’heure de former le nouveau gouvernement.

Malgré sa déroute, le Hachd, dont les membres sont désormais intégrés à l’État,  restera une force politique importante au Parlement, grâce au jeu des alliances et la cooptation des élus indépendants.

Une partie des Irakiens accusent le Hachd d’être le relais de l’Iran dans leur pays et lui attribue la responsabilité des assassinats et des enlèvements de militants antipouvoir qui se sont soulevés en octobre 2019.  

Toujours selon les résultats préliminaires des élections du 10 octobre, le courant sadriste dirigé par l’influent leader chiite Moqtada Sadr a remporté la première place aux législatives, avec plus de 70 sièges sur les 329 que compte le Parlement.

Les résultats définitifs du scrutin devraient être publiés d’ici quelques semaines.