(Ottawa) Certains refuges de Kaboul, où se trouvent dans l’attente de fuir au Canada des centaines d’Afghans qui ont aidé l’armée canadienne et des organisations non gouvernementales, devraient être fermés dans deux semaines en raison d’un manque de financement.

Une organisation qui gère les refuges, où environ 1700 personnes autorisées à venir au Canada sont hébergées et nourries, a déclaré qu’il serait bientôt trop tard pour les maintenir en service.

Sans le soutien du gouvernement, certains devront fermer parce qu’ils n’ont pas l’argent nécessaire pour les garder tous ouverts.

Les refuges, mis en place pour les interprètes qui ont aidé les militaires canadiens et les Afghans travaillant avec des organisations non gouvernementales canadiennes, sont financés par d’anciens combattants, des organismes de bienfaisance et des dons privés.

Les Afghans déjà autorisés à venir au Canada doivent être informés de façon imminente qu’il n’y a pas assez de fonds pour continuer à les héberger tous, a déclaré Stephen Watt de Northern Lights Canada, qui travaille avec les réfugiés.

Wendy Noury Long, directrice de l’Association des interprètes afghans, a déclaré que les Afghans ayant des papiers pour venir au Canada risquent d’être laissés à eux-mêmes à Kaboul. Elle a affirmé que le gouvernement canadien avait reçu une demande de financement pour maintenir les refuges ouverts, mais que rien n’a été fait pour le moment.

Un porte-parole du ministre de l’Immigration Marco Mendicino a déclaré vendredi que le gouvernement fédéral cherchait toujours de nouvelles façons de faire venir les réfugiés afghans au Canada.

« En travaillant avec nos alliés, les groupes de la société civile, les pays voisins et un éventail d’autres partenaires, nous épuisons toutes les options et trouvons de nouvelles voies pour rapatrier les réfugiés en sécurité au Canada », a dit Alex Cohen dans une déclaration écrite.

« Une partie importante de cela consiste à travailler en étroite collaboration avec divers groupes d’anciens combattants, ONG et autres organisations sur le terrain en Afghanistan, y compris par un soutien financier. Depuis la fin des évacuations, nous avons travaillé de concert pour aider environ un millier de réfugiés à quitter l’Afghanistan. Nous ne pouvons pas donner plus de détails en raison d’enjeux de sécurité. »

Une mesure temporaire

Les refuges ont été mis en place à titre de mesure temporaire — une étape avant le voyage au Canada, a indiqué Mme Noury Long. Mais parce que si peu d’Afghans peuvent quitter Kaboul, ils y sont coincés « comme des proies faciles (sitting ducks) », a-t-elle fait valoir.

Aman Lara, l’organisation non gouvernementale canadienne qui gère les refuges sur le terrain, a déclaré que les évacuations étaient si lentes qu’elle n’avait pas les fonds pour les garder tous ouverts.

« En raison de la complexité de la situation en Afghanistan, Aman Lara doit malheureusement réduire l’aide à l’hébergement des Afghans ayant besoin d’être évacués d’ici le 5 novembre. Actuellement, environ 1700 personnes sont sous notre responsabilité », a déclaré l’organisation dans un communiqué.

« Nous nous attendions à ce que les demandes soient traitées en temps opportun et que les évacuations soient plus rapides. Malheureusement, notre capacité à financer les logements a diminué et le temps est compté. Les logements sont coûteux et ont été financés par des dons privés », a-t-elle ajouté.

« Bien qu’il soit décevant de réduire ces logements, Aman Lara est déterminé et continuera de se concentrer sur l’évacuation en toute sécurité des Afghans vulnérables hors d’Afghanistan. Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement du Canada et explorons des options à la fois terrestres et aériennes pour faciliter leur chemin vers le Canada. »

Des interprètes et d’autres personnes qui ont aidé les Canadiens en poste en Afghanistan étaient dans une sécurité relative à Kaboul avant que les talibans ne prennent le contrôle du pays. Le Canada a mis fin à sa mission de transport aérien depuis Kaboul vers la fin août alors que les États-Unis achevaient leur propre retrait du pays. Des milliers de personnes autorisées à voyager au Canada ont été laissées pour compte, y compris des citoyens canadiens.

Mme Noury Long a déclaré qu’il y avait « une incapacité à financer indéfiniment ces installations dans n’importe quel type de capacité à long terme » et que s’échapper de l’Afghanistan - même par les frontières voisines - devenait de plus en plus difficile.

Le Canada s’est engagé à réinstaller 40 000 réfugiés afghans qui ont fui le pays et a mis en place un programme spécial pour les Afghans particulièrement vulnérables, notamment les femmes dirigeantes, les militantes des droits de la personne et les minorités persécutées.

Environ 3700 Canadiens et réfugiés afghans, y compris d’anciens interprètes, ont été transportés par avion par le Canada avant la fin août.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a annoncé vendredi que le Canada réinstallerait jusqu’à 322 Afghans supplémentaires qui ont aidé les pays de l’OTAN, ainsi que les membres de leur famille immédiate, qui doivent satisfaire aux exigences d’admissibilité du Canada. Cet engagement s’ajoute à un maximum de 150 Afghans affiliés à l’OTAN en cours de réinstallation au Canada.