(Beyrouth) Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé lundi le juge menant l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth, d’avoir des « objectifs politiques », appelant à son remplacement par un magistrat « honnête et transparent ».

Le juge Tareq Bitar, chargé de l’enquête depuis février après que son prédécesseur a été récusé par la cour de Cassation, est dans le collimateur de nombreux responsables politiques, pour avoir convoqué l’ex-premier ministre Hassan Diab et quatre anciens ministres.

Il a été forcé en septembre de suspendre son enquête pendant une semaine, en raison d’une plainte déposée contre lui par un ex-ministre, Nohad al-Machnouk, soupçonné d’implication dans le drame et réclamant le dessaisissement du juge. Des centaines de Libanais en colère étaient descendus dans la rue pour protester contre la suspension de l’enquête.

« De grosses erreurs ont lieu », a accusé M. Nasrallah, lors d’un discours retransmis lundi à la télévision et dont le parti est un poids lourd de la vie politique au Liban.  

Le juge Bitar « ne livre pas la vérité, tout comme il ne fera pas justice, mais seulement de l’injustice et une éclipse de la vérité », a-t-il affirmé, estimant qu’il « travaille avec des objectifs politiques ». « Nous l’avons prévenu de ne pas être biaisé et de ne pas politiser l’enquête […] maintenant il l’aborde comme s’il en était le maître. »

« Cela ne veut pas dire que nous appelons à la fin de l’enquête, pas du tout, mais nous appelons à [la nomination d’un] juge honnête et transparent pour travailler sur cette enquête qui soit aussi claire et transparente », sans biais politique, a-t-il affirmé.

L’explosion, survenue le 4 août 2020 et causée par le stockage sans mesures de précaution d’énormes quantités de nitrate d’ammonium, a fait au moins 214 morts, plus de 6500 blessés et dévasté plusieurs quartiers de la capitale.  

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités ont rejeté toute investigation internationale.

En juillet, le juge Bitar a demandé au Parlement la levée de l’immunité des trois autres ex-ministres, également députés, mais ce dernier a refusé. L’enquête locale est soumise à des pressions croissantes par les partis au pouvoir, accusés de corruption.