(Washington) Les États-Unis n’ont pas encore décidé s’ils maintiendraient une présence diplomatique en Afghanistan après la fin de leur retrait prévue mardi, comme le leur demandent les talibans, mais ont rejeté vendredi toute possibilité d’une reconnaissance rapide du pouvoir du mouvement islamiste.

« Je veux être très claire : il n’y a aucun empressement à une quelconque reconnaissance par les États-Unis ou les partenaires internationaux avec qui nous avons discuté », a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki lors d’une conférence de presse.

Washington avait déjà dit que cette reconnaissance dépendrait de la nature du futur gouvernement afghan, dont le gouvernement de Joe Biden souhaite qu’il intègre d’autres acteurs politiques que les talibans, mais aussi du respect des droits des femmes et des engagements antiterroristes pris par les ex-rebelles.

Les États-Unis, qui étaient intervenus en Afghanistan il y a vingt ans pour chasser les talibans après les attentats du 11 septembre 2001, échangent régulièrement avec eux depuis qu’ils ont repris le pouvoir à Kaboul à la faveur du retrait américain, qui doit se terminer mardi. Ces discussions portent avant tout sur la « coordination tactique », au moment où les Américains ont mis en œuvre une gigantesque opération d’évacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Mais « les talibans nous ont dit très clairement, dans nos échanges, qu’ils voudraient voir une présence diplomatique américaine rester » sur place, a dit le porte-parole du département d’État, Ned Price, devant la presse.

Une telle présence, indépendamment de la reconnaissance ou non du pouvoir des talibans, n’a pas encore été formellement exclue par Washington.

Ned Price a précisé que la décision n’avait pas encore été prise, à cinq jours du départ prévu des dernières troupes américaines, et qu’elle dépendrait avant tout de « la sécurité des responsables américains » qui resteraient à Kaboul — d’autant plus après l’attentat-suicide de jeudi qui a coûté la vie à 13 militaires américains à l’aéroport de la capitale afghane.

Selon lui, les talibans ont donné des « assurances » au sujet de cette sécurité. « Mais nous n’attribuons pas beaucoup de valeur à leurs déclarations », a-t-il ajouté.

Des responsables américains ont affirmé qu’une décision pourrait être annoncée en début de semaine prochaine, c’est-à-dire juste avant la fin du retrait américain.

Depuis l’arrivée des anciens insurgés à Kaboul mi-août, les États-Unis ont abandonné leur ambassade pour retirer leurs derniers diplomates qui n’ont pas encore été évacués à l’aéroport, sécurisé par l’armée américaine.