(Washington) Les États-Unis rejettent toute solution à deux États pour Chypre, poussée ces derniers jours par le président turc Recep Tayyip Erdogan, a affirmé mercredi la numéro trois de la diplomatie américaine Victoria Nuland.

Priée de dire, lors d’une audition parlementaire, si le gouvernement américain rejetait sans ambiguïtés une telle option, elle a répondu : « oui, absolument ». « Nous pensons que seul un processus mené par les Chypriotes, bizonal et bicommunautaire, peut apporter la paix et la stabilité à Chypre », a-t-elle insisté.

Lors d’une visite mardi dans la partie turcophone de Chypre, au nord — séparée de la partie grécophone de l’île depuis une invasion turque en 1974 —, le président turc Recep Tayyip Erdogan a notamment estimé que « nul progrès dans les négociations ne (pouvait) être fait sans accepter qu’il y ait deux peuples et deux États » dans l’île.

L’île est divisée entre la République de Chypre — membre de l’Union européenne — qui exerce son autorité au sud, et la République turque de Chypre-Nord autoproclamée en 1983, uniquement reconnue par Ankara.

Le président turc a aussi annoncé la poursuite de la réouverture de Varosha, autrefois prospère station balnéaire grécophone devenue ville fantôme sous contrôle militaire turc et symbole de la division de l’île méditerranéenne.

Les négociations sont au point mort depuis 2017. En avril, une tentative de relance des pourparlers organisée par l’ONU, qui surveille une zone tampon entre les deux parties de l’île, s’est soldée par un échec.

Washington avait déjà condamné mardi soir le projet de réouverture de Varosha. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait jugé ces actions « provocatrices, inacceptables et incompatibles » avec les engagements passés des Chypriotes-Turcs « à prendre part de manière constructive dans des pourparlers de paix ».

Le secrétaire d’État a affirmé mercredi sur Twitter s’être entretenu avec son homologue de la République de Chypre Nikos Christodulides pour réaffirmer cette position. « Nous faisons pression pour une réponse ferme du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il assuré.

Victoria Nuland a dit pour sa part avoir parlé mercredi matin avec des responsables turcs pour exiger qu’ils reviennent sur leur décision concernant Varosha.