(Jérusalem) L’armée israélienne a pilonné jeudi Gaza et le groupe armé Hamas a multiplié les tirs de roquettes vers Israël, au quatrième jour d’un conflit ayant fait plus de 100 morts dans le territoire palestinien autour duquel chars et blindés israéliens ont été massés.

Tard le soir, les forces israéliennes ont bombardé des sites du Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza, où des centaines de personnes ont dû quitter leurs maisons précipitamment pour fuir les frappes, selon des témoins et des journalistes de l’AFP sur place.

Plus tôt dans la journée, elles ont frappé l’appartement du chef de la division des drones du Hamas, Samer Abou Daka, et un centre de renseignement militaire du groupe, où des « douzaines d’agents » étaient présents.

Depuis le début de ce nouveau cycle de violences lundi, 103 Palestiniens, dont 27 enfants, ont été tués dans la bande de Gaza, et 580 ont été blessés, selon un dernier bilan du ministère local de la santé. Des funérailles d’une dizaine de chefs de la branche armée du Hamas ont eu lieu en journée.

En Israël, sept personnes ont péri parmi lesquelles un enfant et un soldat.  

Le conflit a été déclenché après un barrage de roquettes du Hamas tirées vers Israël en « solidarité » avec les plus de 700 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967.

PHOTO MENAHEM KAHANA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Israël a déployé jeudi des chars et des blindés le long de la frontière avec la bande de Gaza où les échanges de tirs meurtriers continuent.

Opération terrestre ?

Les heurts sur l’esplanade, troisième lieu saint de l’islam, avaient suivi plusieurs jours de vives tensions et de heurts à Jérusalem-Est, dus principalement aux menaces d’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons juifs d’un quartier de la Ville sainte.

Face à la multiplication des tirs de roquettes par les groupes armés palestiniens, l’armée israélienne a déployé chars et autres véhicules blindés le long de la barrière séparant Israël de l’enclave palestinienne d’où l’armée israélienne s’était retirée unilatéralement en 2005, ont constaté des journalistes de l’AFP.  

« Nous sommes prêts et nous continuons à nous préparer à différents scénarios », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, précisant qu’une invasion terrestre était « l’un des scénarios ».

Le ministère de la Défense a donné le feu vert à l’armée pour mobiliser au besoin des milliers de réservistes.

« Toute incursion terrestre dans n’importe quelle zone de la bande de Gaza sera l’occasion d’augmenter le nombre de morts et des prisonniers chez l’ennemi », a averti la branche armée du Hamas qui continuait dans la nuit de lancer des roquettes vers le sud israélien limitrophe de Gaza.  

« Cela prendra du temps, mais nous allons restaurer la quiétude en Israël », a déclaré dans la journée le premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui s’est rendu sur le site d’une batterie du bouclier antimissile « Dôme de Fer ».

D’après l’armée, environ 90 % des plus de 1750 roquettes lancées depuis Gaza lundi ont été interceptées par le bouclier antimissile « Dôme de Fer ».

Appelant les compagnies aériennes à suspendre leurs vols vers Israël, le Hamas a annoncé une roquette d’une portée de 250 km en direction du deuxième aéroport d’Israël, dans le Sud, vers lequel les autorités aéroportuaires ont détourné les vols à destination de Tel Aviv en raison des tirs.

PHOTO HATEM MOUSSA, ASSOCIATED PRESS

Tandis que les tirs d’artillerie se multipliaient en direction de l’enclave palestinienne, contrôlée par les islamistes du Hamas, des chars et d’autres véhicules blindés se sont massés le long de la barrière frontalière séparant Gaza d’Israël. Ci-haut, une bombe israélienne explose dans un quartier de la ville de Gaza.

Plusieurs compagnies ont d’ailleurs suspendu leurs vols vers l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv.

Heurts en Israël

Jeudi, à l’occasion de la fête du Fitr marquant la fin du mois de jeûne du ramadan, des dizaines de milliers de fidèles ont prié sur l’esplanade des Mosquées où ont été accrochés des photos de cadres du Hamas et des drapeaux du Hamas.  

PHOTO ADEL HANA, ASSOCIATED PRESS


Des personnes en deuil se recueillent devant les corps de treize militants du Hamas lors de leurs funérailles dans une mosquée de la ville de Gaza, le jeudi 13 mai 2021.

Le conflit est doublé d’une escalade entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes d’Israël, un niveau de violence jamais atteint depuis des décennies selon la police israélienne.

Près de 1000 membres de la police des frontières ont été appelés en renfort dans ces villes, théâtres d’émeutes depuis mardi avec des heurts et des échanges de coups de feu, et plus de 400 personnes, Juifs et Arabes, ont été arrêtées ces trois derniers jours.

Jeudi soir, un homme a ouvert le feu à l’arme semi-automatique sur un groupe de Juifs, blessant une personne à Lod près de Tel Aviv, selon un témoin et la police.

Des groupes d’extrême droite israéliens ont affronté dans des villes forces de sécurité et Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d’Israël en 1948.  

Malgré l’intensification du conflit, les États-Unis, qui ont annoncé l’envoi d’un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens, se sont opposés à la tenue d’une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU annoncée pour vendredi.

Comme si la situation sécuritaire n’était pas encore assez emmêlée, trois roquettes ont été tirées jeudi soir du Liban vers Israël, pour s’échouer en mer Méditerranée, selon l’armée israélienne.