(Jérusalem) Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annulé jeudi sa première visite officielle aux Émirats arabes unis en raison d’un différend avec la Jordanie concernant le survol de son espace aérien, selon son bureau.

M. Nétanyahou devait rencontrer le prince héritier d’Abou Dabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, qui dirige de facto les Émirats, un pays du Golfe ayant récemment normalisé ses relations avec l’État hébreu, d’après des médias israéliens.

« Cette visite aux Émirats a été reportée suite à une incompréhension avec la Jordanie autour d’un incident qui s’est déroulé hier (jeudi) autour d’une visite à Jérusalem sur le Mont du Temple » (nom donné par Israël à l’Esplanade des mosquées), a affirmé M. Nétanyahou lors d’une conférence de presse, ajoutant que la visite aurait lieu « prochainement ».

Le déplacement a été annulé « en raison de difficultés de coordination de son vol à travers l’espace aérien de la Jordanie », avait indiqué auparavant son bureau dans un communiqué, sans donner de date pour une visite ultérieure.

Le différend avec Amman est lié à l’annulation par Israël cette semaine d’une visite prévue du prince héritier jordanien à la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la Ville sainte annexé par l’État hébreu, selon cette source.

La visite du prince a été annulée en raison « d’un désaccord sur les dispositifs de sécurité sur place », d’après le bureau de M. Nétanyahou.

La Jordanie a indiqué que c’était le prince Hussein lui-même qui avait décidé d’annuler sa venue, prévue à l’occasion de la fête de Lailat al-Miraj qui, selon la tradition musulmane, commémore la nuit au cours de laquelle l’ange Gabriel demanda au prophète Mahomet de se rendre à Jérusalem.

« Nous avions arrangé la visite avec Israël, mais nous avons été surpris, au dernier moment, qu’Israël veuille imposer de nouvelles dispositions et changer le programme de la visite d’une façon qui aurait imposé davantage de restrictions sur les habitants de Jérusalem à l’occasion d’une nuit de prières et de culte », a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi.

Le prince héritier « a décidé d’annuler sa visite, afin de préserver le droit des Hiérosolymitains de célébrer librement cette fête et sans de nouvelles restrictions », a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse à Paris, sans commenter le déplacement de M. Nétanyahou aux Émirats.

L’Esplanade des Mosquées, où se trouve la mosquée Al-Aqsa, est administrée par le Waqf de Jérusalem, organisme qui gère les biens musulmans et qui, pour des raisons historiques, dépend de la Jordanie.

Normalisation

Des médias israéliens avaient auparavant suggéré que le premier ministre annulerait sa visite aux Émirats en raison de l’hospitalisation de son épouse Sara pour une appendicite.

M. Nétanyahou, qui joue sa survie politique aux élections législatives du 23 mars, avait déjà reporté début février sa visite aux Émirats et à Bahreïn en raison des restrictions de voyage imposées pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Ces deux États arabes ont signé en septembre dernier des accords de normalisation de leurs relations avec Israël négociés sous l’égide des États-Unis de Donald Trump.

Dans la foulée de ces accords, de nombreuses ententes commerciales ont été signées entre Israël et les Émirats arabes unis, qui ont depuis le 1er mars un ambassadeur pour l’État hébreu.

M. Nétanyahou a déclaré jeudi que les Émirats arabes unis allaient « investir 10 milliards de dollars dans des projets en Israël ».

Le premier ministre israélien a rencontré jeudi après-midi à Jérusalem les chefs de gouvernement tchèque et hongrois, Andrej Babis et Viktor Orban. Ils ont annoncé une coopération dans le domaine de la recherche et de la production de vaccins contre le coronavirus, a indiqué son bureau.