(Téhéran) Téhéran a traité par le mépris lundi l’exigence formulée par les Saoudiens d’être « consultés » avant toute éventuelle négociation entre les États-Unis et l’Iran à propos du programme nucléaire iranien.

« S’attarder trop longtemps sur le cas d’un pays médiocre de cette région n’apporte rien », a déclaré Saïd Khatibzadeh, porte-parole des Affaires étrangères iraniennes lors d’une conférence de presse en ligne.

« Chacun est libre de parler, mais eux feraient mieux de ne pas parler de ce qui ne les regarde pas afin de ne pas se mettre dans une position embarrassante », a ajouté M. Khatibzadeh, pressé de réagir à des propos tenus samedi à l’AFP par le prince Fayçal ben Farhan Al-Saoud, ministre des Affaires étrangères saoudien.

Rivaux à l’échelle régionale, la République islamique d’Iran, chiite, et le royaume sunnite d’Arabie saoudite ont rompu leurs relations diplomatiques en 2016 et s’accusent mutuellement de déstabiliser le Moyen-Orient.

« Ce que nous attendons avant tout, c’est que nous soyons pleinement consultés […] dans ce qui se passe au sujet des négociations avec l’Iran », avait déclaré le prince Fayçal en marge d’une conférence sur la sécurité organisée à Bahreïn.

L’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 menace de voler en éclats depuis que le président américain Donald Trump en a sorti son pays en mai 2018, avant de rétablir des sanctions ayant plongé la République islamique dans une violente récession.

En riposte, l’Iran s’est désengagé à partir de mai 2019 de la plupart de ses engagements clefs pris à Vienne.

« Profondément préoccupante »

Depuis l’annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle aux États-Unis, l’exécutif iranien multiplie les signaux d’ouverture à l’attention du prochain gouvernement américain alors que M. Biden a dit sa volonté de faire revenir son pays dans l’accord de Vienne.

Les conditions posées par l’ancien vice-président de Barack Obama pour un tel retour sont néanmoins jugées inacceptables à ce stade par Téhéran.

Alors que M. Biden et Berlin ont indiqué récemment vouloir de nouvelles discussions avec l’Iran sur ses activités nucléaires ou ses programmes de missiles, Téhéran exclut toute renégociation de l’accord de Vienne.

« Jamais l’Iran ne négociera ni ne fera de compromis sur sa sécurité nationale », a déclaré M. Khatibzadeh, « nous ne voyons aucun besoin de renégocier [un accord qui] a déjà été couché sur le papier ».

« L’Europe et l’Allemagne doivent savoir que ce qui n’a pas pu être obtenu par la pression maximale [du gouvernement Trump] ne pourra pas l’être par d’autres moyens », a ajouté le porte-parole.

L’Allemagne est avec la France et la Grande-Bretagne l’un des trois États européens faisant partie de l’accord de Vienne.

Dans une déclaration commune publiée après la conférence de M. Khatibzadeh, les trois pays ont jugé « contraire » à l’accord de Vienne et « profondément préoccupante » l’annonce « récente par l’Iran de son intention d’installer trois nouvelles cascades de centrifugeuses avancées dans son usine d’enrichissement de l’uranium de Natanz », dans le centre du pays.

Sur un tout autre sujet, interrogé sur les perspectives d’une percée diplomatique susceptible de mettre un terme à la crise du Golfe opposant depuis juin 2017 le Qatar à l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte, M. Khatibzadeh a déclaré que l’Iran était toujours favorable aux « solutions pacifiques ».

Téhéran qui a pris fait et cause pour le Qatar dans cette crise, continuera d’entretenir avec Doha des « relations amicales », a assuré le porte-parole : « Les relations entre l’Iran et le Qatar ne sont pas perturbées par des tiers ».