(Jérusalem) Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, est arrivé mercredi à Jérusalem pour une tournée d’adieu à Israël qui crée déjà des remous côté palestinien en raison de sa possible visite d’une colonie en Cisjordanie occupée.

Après la France, la Turquie et la Géorgie, le chef de la diplomatie américaine s’est posé à Tel-Aviv en début d’après-midi où il a été devancé par son homologue de Bahreïn, Abdellatif al-Zayani, qui y effectue la première visite officielle en Israël d’un ministre de cette monarchie du Golfe.

Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient signé en septembre à Washington des accords de normalisation de leurs relations avec Israël, une initiative qualifiée de « trahison » par les Palestiniens. Ces derniers considèrent que la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe n’est envisageable qu’après un accord de paix israélo-palestinien et non l’inverse.

MM. Pompeo et Zayani doivent se réunir en fin de journée avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, afin d’évoquer la normalisation en cours des relations entre l’État hébreu et des pays arabes qui commencent à former avec Israël une coalition hostile aux ambitions régionales de l’Iran.

L’armée israélienne a mené tôt mercredi des frappes de représailles contre des positions iraniennes en Syrie, faisant dix morts selon Damas, après la découverte d’explosifs le long de la frontière de facto dans le nord de l’État hébreu.

L’armée a notamment ciblé le « quartier général iranien » en Syrie, un « site secret » accueillant des « délégations de hauts responsables iraniens », la 7e division des forces syriennes et des batteries de missiles sol-air, a déclaré son porte-parole Jonathan Conricus lors d’une conférence téléphonique.

« Rentre chez toi »

Selon le New York Times, Donald Trump avait sondé la semaine dernière plusieurs de ses principaux collaborateurs sur la possibilité de mener « dans les prochaines semaines » une action contre un site nucléaire iranien, mais ceux-ci l’ont « dissuadé d’aller de l’avant avec une frappe militaire ».

La visite de Mike Pompeo intervient dans un contexte de transition à Washington dans la foulée de la défaite électorale de Donald Trump face au démocrate Joe Biden qui doit lui succéder en janvier.  

Une succession qui pose des questions quant à l’avenir des sanctions américaines sur l’Iran, la normalisation des relations entre Israël et des pays arabes et du plan américain pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien.

Cette semaine, Mike Pompeo n’a pas prévu de rencontres avec des dirigeants palestiniens, mais pourrait se rendre, selon la presse israélienne, dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, et plus précisément dans le vignoble de Psagot.

Contactés par l’AFP, ni la diplomatie américaine ni le vignoble n’ont confirmé cette possible visite qui serait la première d’un chef de la diplomatie américaine dans une colonie en Cisjordanie.

Mercredi, des dizaines de Palestiniens ont manifesté à Al-Bireh, commune située en face de Psagot, brandissant des drapeaux palestiniens. « Pompeo rentre chez toi », pouvait-on lire sur une pancarte, a constaté un journaliste de l’AFP.

Colonisation

« La visite prévue de Monsieur Pompeo est un crime, car elle contrevient à toutes les résolutions internationales », a affirmé Mounif Treish, membre de la municipalité d’Al-Bireh, lors d’une conférence de presse.

« Le vignoble (de Psagot) a été établi sur des terres privées palestiniennes. Nous avons tous les documents le prouvant », a-t-il souligné.

La colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens a connu un vif essor ces dernières années sous l’impulsion de M. Nétanyahou et depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Plus de 450 000 Israéliens vivent dans des colonies, jugées illégales par le droit international, en Cisjordanie, un territoire occupé par Israël depuis 1967 et où vivent aussi environ 2,8 millions de Palestiniens.

Il y a un an presque jour pour jour, Mike Pompeo avait indiqué que les États-Unis ne considéraient plus les colonies israéliennes comme contraires au droit international.

Cette décision avait été saluée par le vignoble de Psagot qui se bat depuis des années pour garder la marque « Israël » sur ses bouteilles et non « colonies israéliennes » comme l’ont décidé la justice française et européenne.

« Si les relations internationales se basent sur des bouteilles de vin, alors c’est la mort de la diplomatie », a déclaré mardi le premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh.