(Bagdad) Les factions irakiennes pro-Iran ont indiqué qu’elles n’attaqueraient plus l’ambassade américaine en Irak à condition que Washington annonce le retrait de ses troupes d’ici la fin de l’année, un délai déjà jugé intenable par Bagdad.

En janvier, 48 heures après l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, les forces chiites au Parlement irakien ont voté l’expulsion des 5200 militaires américains alors présents sur leur sol.

Le gouvernement de l’époque avait prétexté ne gérer que les affaires courantes et ne pas pouvoir en conséquence mettre en œuvre cette mesure immédiatement. Le cabinet de Moustafa al-Kazimi, nommé en mai, plaide pour donner « trois ans » aux Américains pour quitter le territoire, après être revenus en 2014 combattre le groupe État islamique (EI).

Le contingent américain est déjà tombé à environ 3000 militaires en raison de la « victoire » déclarée fin 2017 sur les djihadistes et de la pandémie de COVID-19.

« La trêve pose comme condition le respect de la décision parlementaire », explique à l’AFP Ahmed al-Assadi, l’un des leaders du bloc parlementaire du Hachd al-Chaabi – coalition de paramilitaires pro-Iran intégrée à l’État.

« Cette trêve n’est pas illimitée », poursuit-il, « elle va au moins jusqu’aux élections américaines » du 3 novembre et « au maximum jusqu’à la fin de l’année ». « Au-delà, ce n’est plus logique, nous donnons seulement au gouvernement le temps de lancer les négociations » de retrait.

Dans un récent entretien à la télévision d’État, M. Kazimi avait estimé que les soldats américains avaient besoin de « trois ans » pour quitter le pays.

Une source au sein du Hachd a expliqué à l’AFP que cette trêve était le fruit de discussions entre les factions pro-Iran, le gouvernement et les chancelleries étrangères à Bagdad.

Pour Washington, les près de 90 attaques notamment à la roquette ayant visé depuis un an son ambassade, des bases irakiennes abritant des soldats américains et des convois logistiques de sous-traitants irakiens travaillant pour l’armée américaine, sont le fait principalement des brigades du Hezbollah, la faction pro-Iran la plus radicale du pays.

Plusieurs attaques ont été revendiquées par des groupuscules aux noms inconnus jusqu’alors, des faux-nez des pro-Iran, selon les experts.

La dernière attaque visant un convoi a eu lieu dimanche dans la province de Diwaniyah (sud), alors même qu’émergeaient les premières informations sur une possible trêve.

En rétorsion, les États-Unis – qui ont annoncé des sanctions contre les pro-Iran à plusieurs reprises – ont fermé plusieurs sites internet, dont celui des brigades du Hezbollah jeudi où s’affiche désormais un message du « Ministère américain du Commerce » indiquant agir « en vertu d’un mandat de saisie du gouvernement américain ».

Plusieurs jours auparavant, le site d’al-Etejah, la télévision des brigades du Hezbollah, avait déjà subi le même sort. De même que le site d’al-Noujaba, l’autre grande faction pro-Iran d’Irak, où s’affiche un message du ministère américain de la Justice.

Ces deux factions, composées de combattants irakiens, mais entraînés, financés et armés par l’Iran, opèrent à la fois au sein du Hachd et hors de son cadre, notamment aux côtés du régime de Bachar al-Assad et du Hezbollah libanais en Syrie.