(Lashkar Gah) Des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs maisons dans le sud de l’Afghanistan après des jours de combats intenses toujours en cours entre les talibans et les forces de sécurité, ont déclaré des responsables mercredi malgré les pourparlers de paix qui continuent à Doha.

Les insurgés ont lancé des attaques contre la ville de Lashkar Gah dans la province du Helmand, où la situation est volatile, poussant les États-Unis à lancer des frappes aériennes pour défendre les forces afghanes.

Les affrontements ont forcé les habitants à partir, entassés sur des motos, ou dans des taxis et bus.

« Plus de 5100 familles ou 30 000 personnes […] ont fui les combats pour l’instant », a expliqué à l’AFP Sayed Mohammad Ramin, directeur du département des réfugiés du Helmand.

« Certaines familles vivent toujours dans les rues de Lashkar Gah, nous n’avons pas de tente à leur donner. »

Hekmatullah, un habitant, dit avoir été obligé de fuir après la chute d’un obus sur la maison de ses voisins, qui a coûté la vie à deux femmes.

« Les combats étaient si intenses que je n’ai pas eu le temps de prendre des vêtements de rechange. J’ai seulement emmené ma famille », a raconté Attaullah Afghan, un agriculteur qui a fui avec douze proches.

Les affrontements ont continué dans au moins quatre districts mercredi, ont précisé des responsables afghans, alors que les forces de sécurité ont repoussé plusieurs offensives talibanes dans la zone.

La mission de l’ONU en Afghanistan (Manua), a quant à elle annoncé que des milliers de personnes ont fui, et appelé les combattants talibans et forces de sécurité « à prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils, dont des couloirs sécurisés pour ceux qui souhaitent partir ».

La collision de deux hélicoptères tôt mercredi dans le district de Nawa au Helmand a également tué neuf personnes, selon Omar Zhwak, un porte-parole du gouverneur de la province.

Le ministère de la Défense a dit enquêter sur l’incident.

Le Helmand, célèbre bastion taliban, a également été le théâtre de nombreux combats et pertes humaines pour les forces internationales durant ces 19 années de conflit.

Selon l’accord américano-taliban signé en février, les insurgés ne sont pas censés s’attaquer aux centres urbains et doivent limiter les niveaux de violence.

Les États-Unis se sont engagés à retirer toutes leurs troupes du pays d’ici mai 2021, en échange de garanties sécuritaires de la part des talibans et de l’ouverture de pourparlers de paix avec Kaboul au Qatar.

Ces discussions ont débuté le mois dernier à Doha, mais semblent au point mort, alors que les deux camps peinent à se mettre d’accord sur une structure de base pour les négociations.