(Ryad) Les séparatistes du sud du Yémen ont annoncé mercredi renoncer à leur autonomie et se sont engagés à mettre en œuvre un accord de partage du pouvoir avec le gouvernement, suscitant l’espoir d’une réconciliation entre ces deux camps alliés contre les rebelles Houthis.

Le conflit principal au Yémen oppose depuis 2014 le gouvernement, soutenu par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, aux Houthis, appuyés par l’Iran. Et les combats meurtriers qui ont ensuite éclaté entre le gouvernement et les séparatistes du Conseil de transition du sud (STC) étaient une guerre dans la guerre.

Un accord dit « de Riyad » a été signé en novembre 2019 et prévoit un partage du pouvoir dans le sud entre gouvernement et séparatistes. Mais ses dispositions n’ont quasiment pas été mises en place et sont vite devenues caduques.

Mercredi, le STC a néanmoins annoncé qu’il « renonçait à sa déclaration d’autonomie » proclamée en avril dernier, afin de permettre l’application de l’accord de Riyad, a écrit sur Twitter le porte-parole du STC, Nizar Haitham, évoquant le rôle joué par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour parvenir à cette décision.  

L’Arabie saoudite a confirmé avoir proposé un plan pour « accélérer » la mise en œuvre de l’accord, selon l’agence officielle saoudienne SPA.  

Ce plan prévoit que le premier ministre yéménite forme un nouveau gouvernement d’ici 30 jours, ainsi que la nomination d’un nouveau gouverneur à Aden (sud), la capitale provisoire du Yémen, où sont basés les séparatistes.

« Une fois (le plan) mis en œuvre, le gouvernement devrait commencer son travail à Aden et superviser la mise en œuvre de l’accord de Riyad », a indiqué SPA.

« Pas important »

Le gouvernement yéménite du président Abd Rabbo Mansour Hadi a salué cette annonce, son porte-parole, Rajeh Badi, exprimant l’espoir d’un « début sérieux » pour la mise en œuvre de l’accord de Riyad.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan, y a vu « un pas positif ». Et le vice-ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane, s’est félicité de la « volonté de dialogue » pour « résoudre les différends, sans recours à la force ».

L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a salué un « pas important » vers une solution pacifique du conflit.

M. Hadi, qui vit en exil dans la capitale saoudienne Riyad, a annoncé aussitôt la nomination d’un nouveau commandant de police et d’un nouveau gouverneur à Aden.

Fin juin, la coalition menée par Riyad avait déployé des observateurs saoudiens pour surveiller un cessez-le-feu décrété entre les forces progouvernementales, qu’elle soutient, et les combattants séparatistes, après des accrochages dans le Sud.

M. Hadi avait alors exhorté les séparatistes à « mettre fin à l’effusion de sang » et à respecter l’accord de partage du pouvoir.  

« Pas de salaires »

Si elle tient, cette réconciliation doit permettre à la coalition menée par Riyad de se concentrer sur la guerre contre les Houthis.  

« Actuellement, sans réponse unie, les Saoudiens, le gouvernement yéménite et le STC sont sur la défensive (…) parce que les Houthis attaquent leurs régions en toute impunité », a déclaré à l’AFP Fatima Abo Alasrar du Middle East Institute.

Le conflit entre le gouvernement et les séparatistes a rendu encore plus complexe une guerre qui, en cinq ans, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué, selon l’ONU, la pire crise humanitaire en cours dans le monde.

L’insécurité alimentaire aiguë devrait fortement augmenter dans le sud du Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, en raison d’une combinaison de facteurs exacerbés par la pandémie de COVID-19, selon un rapport de plusieurs agences de l’ONU.

« Nous espérons que le gouvernement qui sera formé s’occupera du Sud en général et d’Aden en particulier. A Aden, les services sont médiocres et la plupart des habitants n’ont pas reçu leurs salaires depuis quatre ou cinq mois », a dit Ahmad Al-Zahrani, un habitant d’Aden.