(Kaboul) Au moins 24 policiers et soldats ont été tués par des insurgés infiltrés dans la police, dans une province largement sous contrôle taliban du sud de l’Afghanistan, ont indiqué vendredi des responsables locaux.

« À 3 h du matin (18 h 30 HE jeudi), 24 membres de la police et de l’armée afghanes sont morts lorsque six infiltrés dans la police ont tiré sur eux alors qu’ils dormaient près de Qalat », la capitale de la province de Zaboul, a déclaré son gouverneur, Rahmatullah Yarmal, à l’AFP.

Le chef du conseil provincial, Ata Jan Haq Bayan, a confirmé ce bilan, ajoutant que les assaillants, qui ont ensuite volé trois véhicules et de l’armement, avaient « des contacts » parmi les talibans.

Quatre membres des forces de sécurité sont également portés disparus, a-t-il poursuivi.

Les talibans, contactés par l’AFP, n’ont pas fait de commentaire.

Quelques heures plus tard, le ministère de la Défense, dans un communiqué, a fait état de 17 morts, 11 militaires et 6 policiers, dans une « attaque des talibans ».

Les forces de sécurité afghanes « ne laisseront pas cette attaque sans réponse et vengeront le sang des martyrs », a assuré le ministère, qui minimise régulièrement les pertes qu’infligent les insurgés à ses hommes.

Cette attaque est l’une des plus sanglantes depuis que les États-Unis et les talibans ont signé le 29 février à Doha un accord sur le retrait des forces étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, en échange de garanties des rebelles.

Sur Twitter, l’ambassade des États-Unis l’a « fortement condamnée », la qualifiant d’« obscène […] en pleine pandémie mondiale » et alors que l’Afghanistan fêtait vendredi Norouz, le Nouvel An perse. « L’heure de la paix a sonné », a-t-elle insisté.

Jeudi, le gouvernement de Kaboul avait appelé les talibans à un cessez-le-feu pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, dont on craint qu’il fasse des ravages dans ce pays au système de santé en lambeaux après 40 ans de guerre.

Le ministre afghan de la Défense Assadullah Khalid, auteur de cette proposition, a également annoncé que les forces de sécurité afghanes, qui ont suspendu leurs opérations contre les insurgés, étaient désormais autorisées à agir préventivement en cas d’attaque en préparation contre elles.

« Nous ordonnons à toutes les forces de passer d’une position défensive à une position de “défense active” », avait-il déclaré, précisant que « dès que l’ennemi prévoit de nous cibler, nous aurons le droit de nous défendre ».

L’attentat le plus sanglant depuis l’accord américano-taliban s’est produit le 7 mars, quand une trentaine de personnes ont été tuées lors d’un rassemblement politique. Le bain de sang avait été revendiqué par le groupe État islamique, également actif en Afghanistan depuis 2015.

Le gouvernement afghan et les talibans ne parviennent pas à s’entendre sur la libération de 5000 prisonniers insurgés, un point important de l’accord de Doha, non ratifié par Kaboul.

Cette mesure est qualifiée de prérequis par les talibans pour que puisse démarrer un dialogue avec les autorités afghanes sur le futur du pays auquel ils se sont également engagés à participer dans le texte signé au Qatar.

Kaboul a de son côté proposé le 11 mars que ces prisonniers soient libérés de façon échelonnée sur plusieurs mois, en échange d’une réduction importante des violences, ce que les insurgés ont refusé.