(Beyrouth) Un homme a tenté samedi de s’immoler par le feu au Liban durant une manifestation dans le centre de la capitale de ce pays au bord de l’effondrement économique, a rapporté la Croix-Rouge libanaise, mais le feu a été éteint par des protestataires.

Un photographe de l’AFP a vu des manifestants éteindre avec leurs vestes ou des couvertures les flammes au niveau des jambes de l’homme qui n’a pas perdu conscience. Une ambulance de la Croix-Rouge est ensuite arrivée pour l’évacuer de la place Riad al-Solh, dans le centre de Beyrouth.

« Un homme a mis le feu à son corps, une équipe de la Croix-Rouge libanaise est intervenue », a indiqué l’organisation sur son compte Twitter.

Sans donner de précisions sur les raisons de son geste, l’agence de presse officielle ANI a expliqué que le quadragénaire s’était aspergé d’essence avant d’y mettre le feu.

Samedi, plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées pour une nouvelle journée de manifestations contre la classe dirigeante. Le mouvement, qui a mobilisé des centaines de milliers de Libanais, se poursuit depuis le 17 octobre pour dénoncer des politiciens accusés de corruption et d’incompétence.

La situation économique et financière, très précaire avant le début de la contestation, s’est profondément dégradée depuis. Ces dernières semaines, des milliers de personnes ont soit été licenciées sans préavis, soit vu leur salaire divisé par deux.

Plusieurs cas de suicides ont été rapportés ces derniers jours, les victimes ayant attenté à leurs jours en raison de difficultés financières.

En février, un père de famille s’est immolé par le feu dans la cour d’école de sa fille, après le refus de cet établissement privé de lui délivrer une attestation de scolarité en raison d’impayés.

Environ un tiers des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale (BM), tandis que le chômage, qui atteint plus de 30 % chez les jeunes, n’a eu de cesse de grimper ces dernières années.

Si la crise se prolonge, la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté, a récemment mis en garde la Banque mondiale, qui prévoit une récession économique pour 2019 avec un taux de croissance négatif de-0,2 %.

Le premier ministre démissionnaire libanais, Saad Hariri, a plaidé vendredi pour une aide financière auprès de plusieurs pays arabes et occidentaux.

En 2018, lors d’une conférence à Paris (CEDRE), la communauté internationale s’est engagée à accorder des prêts et des dons de plus de 11 milliards de dollars au Liban, en contrepartie de réformes. Mais les montants n’ont jamais été débloqués, car les autorités n’ont pas mené à bien les réformes demandées.